Les traitements actuels pourront un jour stopper le sida, dit l'OMS
WASHINGTON - Guérir le sida reste incertain 30 ans après le début de l'épidémie. Mais l'arsenal grandissant des traitements pourrait un jour mettre fin aux nouvelles infections, selon un haut responsable de l'OMS s'exprimant en préambule à la 19e Conférence internationale sur le sida qui s'ouvre dimanche à Washington.
Les percées dans la recherche et les progrès accomplis dans certains pays "montrent qu'il est possible de vraiment faire des progrès pour intensifier la réponse et même commencer à envisager l'élimination de nouvelles infections", explique Dr Gottfried Hirnschall, responsable de la lutte contre la pandémie à l'Organisation mondiale de la santé (OMS) dans un entretien accordé à l'AFP.
"Nous disposons d'un arsenal assez important de traitements", poursuit-il, soulignant que les antirétroviraux (ARV) actuels sont moins toxiques, plus efficaces et moins susceptibles de déclencher une résistance du virus que les précédentes générations. Les ARV ont sauvé environ 700'000 vies dans le monde en 2010, selon l'OMS.
On compte actuellement 26 ARV sur le marché, sans compter ceux qui sont encore au stade de la recherche clinique. Ces médicaments permettent d'endiguer le virus de l'immunodéficience humaine (VIH) responsable du sida chez les personnes contaminées, a précisé le responsable de l'OMS lors d'une visite à Washington avant la 19e Conférence internationale sur le sida prévue dans la capitale américaine du 22 au 27 juillet.
Feu vert au Truvada
La FDA, l'agence américaine des médicaments, a donné son feu vert lundi à la mise sur le marché de l'antirétroviral Truvada, premier traitement de prévention contre le sida mis au point par le laboratoire américain Gilead Sciences. "Le Truvada ne peut pas se substituer à des pratiques sexuelles sûres", a souligné la FDA.
Le VIH a infecté quelque 60 millions de personnes dans le monde depuis son émergence et la moitié en sont mortes.
Les résultats de plusieurs essais cliniques récents montrent qu'il est bénéfique de commencer plus tôt les traitements ARV pour prévenir l'infection de personnes saines mais à risque. Chez les personnes déjà contaminées, cela permet d'intervenir avant que leur charge virale (nombre de copies du virus par millilitre de sang) ne soit trop élevée. Ces sujets restent ainsi en meilleure santé et présentent un risque moindre de contaminer d'autres personnes.
Guide d'utilisation des ARV
Plusieurs autres études ont aussi révélé une bonne efficacité préventive des antirétroviraux pris quotidiennement chez des personnes séronégatives dans des couples hétérosexuels ou homosexuels chez qui un partenaire est infecté.
"Nous voyons cela comme probablement un sujet central de conversation à la conférence de Washington et plus généralement comment profiter au mieux des antirétroviraux pour faire de la prévention", estime le Dr Hirnschall.
L'expert précise que l'OMS va rendre public durant la conférence de Washington un guide d'utilisation des ARV comme prévention chez les séronégatifs.
Groupes à haut risque
Certains groupes à haut risque restent difficiles à atteindre, comme les travailleurs du sexe et les toxicomanes qui, dans certains pays, n'ont souvent pas accès aux traitements pour des raisons légales.
"Nous savons que dans de nombreux endroits les hommes homosexuels comme les travailleurs du sexe n'ont pas le même accès aux services de santé car ils sont stigmatisés ou considérés comme des criminels dans beaucoup de pays", déplore le Dr Hirnschall.
L'utilisation des antirétroviraux comme prophylaxie "est une approche prometteuse qui va probablement devenir une intervention de choix pour certaines personnes n'ayant pas accès à d'autres préventions ou quand ces dernières sont difficiles à mettre en oeuvre", dit-il