Chaque jours qui passe en ces temps de crise, me laisse perplexe face aux discours empreints d'idées reçues et de vieux clichés à l'égard des étrangers et des gens du voyage !
La plupart du temps ces "vérités" sont véhiculées sans que l'on en vérifie l'exactitude !
L'immigration tant décriée par une frange de la population est en réalité le fondement même de la société belge.
L'immigration n'est pas un phénomène exceptionnel, en effet, aujourd'hui, en Belgique, un citoyen sur dix n'a pas la nationalité belge et 25% de la population a des origines étrangères proches.
D'où proviennent alors tous ces étrangers et pourquoi sont-ils venus ?
La Belgique, terre d'asile ?
Dès le 19e siècle, la Belgique a été considérée comme une terre d’asile pour de nombreux réfugiés politiques (Karl Marx qui rédige à Bruxelles, en 1874, le Manifeste du Parti Communiste, Victor Hugo,…) fuyant les persécutions et la misère. Il y a également des étudiants, des commerçants, des hommes d’affaires, des industriels,…
La Constitution belge accorde à l’étranger les mêmes garanties que celles dont jouissent les nationaux et stipule que « tout étranger qui se trouve sur le territoire de la Belgique jouit de la protection accordée aux personnes et aux biens sauf les exceptions établies par la loi » Il y a d’une part le droit d’hospitalité et d’autre part la mention d’une législation particulière pour les étrangers. La Belgique a conservé une partie de la législation élaborée durant la période française sur l’accès et le séjour des étrangers et aborde les mesures concernant leur renvoi. Tout étranger pénétrant sur le territoire est suspect et a besoin d'un passeport et d’un visa.
Il ne s’agit pas d’une immigration massive, il s’agit d’initiative individuelle et il n’y a pas de recrutement systématique de la main-d’œuvre.
Avant de parler des autres, parlons de nous ou plutôt de nos aïeux.........
Les émigrants belges
- Immigrants Belges à la Gare du Nord de Paris, en 1914 (Source: Archives Départementales du Nord)
" L'émigration a été oubliée dans nos histoires officielles " ( MORELLI Anne, Les émigrants belges , Bruxelles, EVO-HISTOIRE, page 3.)
Il est plus agréable pour un pays de se rappeler uniquement ses réussites.
Mieux vaut se souvenir des émigrants belges qui ont permis de construire une image positive de notre pays : ils ont été des " capitaines de l'industrie ", des cadres expatriés, des " élites ",
Cependant, si nous nous rappelons les causes de l'émigration des Belges du passé, nous risquons de nous rappeler que jusqu'il y a peu, nous avons nous-mêmes été des pauvres.
- Les piqueteurs belges qui viennent louer leur service en France, Le Petit Journal, 1908 © Collection Kharbine-Tapabor
Dès le milieu du XIXe siècle, des saisonniers originaires de pays voisins (Belgique, Allemagne, Suisse, Italie…) participaient aux travaux agricoles en France et dans quelques autres secteurs ayant des besoins temporaires de main-d'œuvre. Cette migration saisonnière a continué, mais les pays d'origine sont devenus aujourd'hui plus lointains.
La Révolution Industrielle française marque le début de l'histoire de son immigration contemporaine. L'accroissement mondial de la population, en corrélation positive avec une baisse de l'accroissement naturel français (dû au Code civil ayant imposé le partage égalitaire de l'héritage entre les enfants afin de disperser le patrimoine familial et à la contraception pourtant contre nature avec le pouvoir ecclésiastique) conduisent, dès le milieu du XIXème siècle, à la première vague d'immigration contemporaine provenant principalement de pays limitrophes.
Pourtant au 1er rang européen en termes de population au XVIIIème siècle, la France stagne, passant au 4ème rang européen un siècle plus tard. Des populations de Belgique, de Hollande, du Luxembourg, de Suisse, d’Italie, d’Angleterre émigrent vers cet espace voisin afin de pallier à la pénurie de main d’œuvre qui déséquilibre l'économie française.
Le recensement de 1851 est le premier à tenir compte de l'entrée des étrangers dans l'espace français, malgré l'incertitude antérieure sur leur nombre. Selon les services de la Statistique générale de la France (SGF), les étrangers représentent environ 1 % de la population totale soient 381 000 individus qui comptent principalement des Belges (128 000 individus) des Italiens (63 000 individus) et des Espagnols (30 000 individus). Ils atteignent le nombre d'un million en 1881 et sont estimées à 1 200 000 à la veille de la Première Guerre Mondiale.
Les Belges, répartis uniquement dans le Nord de la France, sont les premiers immigrés en nombre jusqu’en 1901. À partir de 1901, ils sont devancés par les Italiens qui avec eux, à la veille du premier conflit mondial représentent plus de 60 % des étrangers suivis par les Allemands, les Espagnols et les Suisses.
Des milliers d'hommes puis de familles venus chercher un emploi dans les fermes, les mines et les usines du Nord, du Pas-de-Calais et parfois plus loin. Pas toujours bien accueillis par la population et exploités un peu plus que les ouvriers français par un patronat avide de trouver une main-d'œuvre docile et efficace,
Dans la première moitié du 19ème siècle, un grand nombre de Belges émigrent vers la France pour y trouver du travail. Les Français manifestent très vite une claire hostilité par rapport aux immigrants belges ; ce ressentiment social se teinte parfois de nationalisme et, " on va chasser le belge, drapeau tricolore en tête, en chantant la marseillaise " ( MORELLI Anne, Les émigrants belges , Bruxelles, EVO-HISTOIRE, page 105).
Contrairement aux travailleurs français, les patrons veulent les garder puisqu'ils acceptent d'être sous-payés .
La seconde moitié du 19ème siècle fut plus calme pour les travailleurs belges même si on leur reprochait encore de travailler pour des salaires faibles et d'envoyer l'argent hors de la France, dans leurs familles.
Avec le milieu du siècle et le développement formidable de l’industrie dans le Nord et le Pas-de-Calais, les migrations belges connaissent une croissance exponentielle. Les mines de charbon du Nord et du Pas-de-Calais comme la métallurgie de la vallée de la Sambre voient arriver de Belgique mineurs du Borinage et paysans du Hainaut, une main-d’œuvre qui se caractérise par son instabilité géographique et ses faibles exigences.
À la fin du XIXe siècle, l’enracinement de la République et le développement du sentiment national alimentent le rejet des étrangers, Belges au Nord, Italiens au Sud. Les rixes ouvrières se transforment en violences xénophobes, attisées par la crise économique et le renforcement des nationalismes en Europe. Les stéréotypes se figent, relayés par les élites républicaines et une presse en plein essor. Dans le même temps, un racisme « savant » se développe. Il s’en prend aux juifs français ou étrangers et aux populations colonisées de l’Empire au nom de prétendus arguments biologiques.
L’arrivée des immigrants belges est en effet applaudie par le patronat :
- main-d’œuvre sérieuse, travailleuse, acceptant de difficiles conditions de travail et de maigres salaires, elle comble les souhaits des chefs d’entreprise, filateurs ou compagnies minières.
La Chambre de commerce de Tourcoing s’oppose ainsi en 1881 à toute mesure tenant à limiter le travail des étrangers :
- entreprises de maçonnerie, de menuiserie-charpenterie, de briqueterie et de terrassement emploient alors dans la ville 80 à 100 % de travailleurs belges et l’instauration de quotas d’emploi des étrangers nuirait considérablement à leur rentabilité économique.
L’immigration belge dans l’industrie textile et minière est essentiellement individuelle et spontanée. Vers 1890,toutefois, les compagnies minières en manque de bras commencent à recruter des travailleurs en Belgique même, par l’intermédiaire de « pisteurs », de même qu’au lendemain de la Première Guerre mondiale, on ira chercher des agriculteurs flamands pour reprendre les fermes du Nord-Pas-de-Calais dont les exploitants sont morts à la guerre ou ont quitté la région.
Dans le secteur agricole, précisément, les migrations temporaires liées à inactivité d’arrachage des betteraves ou à la récolte du houblon, du lin ou des céréales attirent des milliers de Belges qui viennent faire la « saison » estivale dans les champs du Nord-Pas-de-Calais. Malgré la mécanisation, les besoins en main-d’œuvre sont importants.
Ainsi, à la veille de la Première Guerre mondiale, la région Nord-Pas-de-Calais est l’une des régions françaises où la proportion d’étrangers est la plus importante. Les Belges y constituent la quasi-totalité des étrangers : 97 à 99 %.
Dès cette époque sont apparues les premières manifestations de rejet. Émile Zola les décrit déjà dans Germinal, récit amplement inspiré par la grande grève dans les mines d’Anzin en 1884 : alors que la compagnie engage des mineurs belges du Borinage pour briser la grève, ceux-ci sont accueillis par les ouvriers français aux cris de « À mort les étrangers, à mort les Borains !... Nous voulons être les maîtres chez nous ! ».
Relégués dans certains quartiers, accusés par les ouvriers français de prendre leur travail, ces immigrés sont fréquemment visés par des violences xénophobes dès la fin du XIXème siècle. Les Belges, majoritaires dans la population de Roubaix vers 1880, sont traités de « pots de beurre » et de « vermines ». De Liévin à Tourcoing, sévissent des émeutes anti-Belges dans les années 1890.
Maurice Barrès, « Étude pour la protection des ouvriers français : contre les étrangers » en 1893 « Pour accepter que des armées d’étrangers envahissent notre territoire, oppriment nos nationaux, possèdent la fortune et le pouvoir, enlèvent plus d’un milliard de salaires par an, nous suffit il que ces conquérants ne portent point d’uniformes ? »
Le géographe Firmin Lentacker qui a travaillé sur l’immigration belge dans le nord nous dit « D’avril à juin 1848, les manifestations hostiles aux ouvriers belges devinrent quotidiennes dans le Nord ; il s’agissait tantôt d’agressions contre des groupes regagnant la Belgique, tantôt d’expéditions en bandes pour se saisir des » flamands » répartis entre Tourcoing et Halluin et les reconduire à la frontière, et toujours de coalitions obtenant l’expulsion de travailleurs belges, comme le 18 mai sur le chantier de chemin de fer à Armentières ou le 20 mai à Lille.
Cette xénophobie se nourrit de multiples arguments. On reproche aux étrangers d’échapper au service militaire, d’apporter des maladies et, pour les plus aisés d’entre eux, d’accaparer les richesses du pays.
Liévin et Lens connaissent une crise xénophobe en août-septembre 1892 à l’encontre des mineurs belges. Quelle en fut l’origine, comment cela s’est-il traduit et quelles furent les réactions des politiques et syndicalistes ?
Comme dans les autres compagnies minières des mineurs belges sont employés depuis les années soixante car les mineurs français, d’origine rurale, paysanne, abandonnent souvent ce travail pénible, notamment au printemps, au bénéfice de tâches agricoles. Ils viennent en majorité du Borinage et les jeunes célibataires en constituent la part la plus importante.
En juin 1892, la presse régionale mentionne l’arrivée d’un nombre important de mineurs belges alors que simultanément des mineurs syndiqués sont renvoyés. Le 14 et 15 août, des bagarres violentes éclatent dans les mines de Lens entre mineurs belges et français ; cela se répète durant plusieurs semaines et conduit à des blessures plus ou moins graves, des dégâts aux biens et aux demeures, des pillages. Un détachement de 60 gendarmes est sur les lieux pour assurer l’ordre. Par exemple, le 22 août, à Lens, 30 jeunes gens avec tambours, clairons, drapeau tricolore, drapeau noir promènent dans les corons un mannequin de paille, identifié comme belge, et font des arrêts devant les maisons des mineurs belges marqués par l’envoi de pétards, la mise à feu du mannequin.Des femmes, dont les maris viennent d’être appelés pour la période militaire de 28 jours, s’en prennent aux Belges et les traitent de déserteurs. Environ 70 maisons de mineurs belges du coron n°3 de Liévin sont agressées à jets de pierres et des rixes éclatent.
La presse souligne l’ampleur des déménagements et des manifestations aux cris de « A bas les Belges ! A bas les déserteurs ! Les départs des Belges se multiplient au point que les wagons manquent ; parallèlement les demandes de naturalisation se multiplient. Selon les dossiers constitués en Belgique par les mineurs rentrés chez eux en vue d’une demande d’indemnisation aux autorités françaises, 905 cas ont été instruits dont 52 pour des mineurs avec femmes et enfants.
Le 21 août, à Liévin lors d’une réunion demandée par la délégation socialiste dans un souci d’apaisement, le syndicat dénonce l’embauche d’ouvriers belges. Basly, député radical, fondateur et président du Syndicat des Mineurs du Pas-de-Calais, commente ainsi les événements : « Les Belges sont seuls coupables. On a trop toléré l’ingénieur des Mines de Liévin, de naissance belge, naturalisé et ayant la certitude de ne plus être inquiété par le service militaire et qui réserve ses faveurs aux mineurs belges... ». Or le porte-parole de la Compagnie de Liévin fait remarquer que les ouvriers belges recrutés depuis longtemps ont toujours été inquiétés et pas seulement les Belges récemment arrivés et l’ingénieur en chef de la Compagnie de Lens déclare ne pas marquer de préférence pour les Belges. La direction est disposée à réintégrer les ouvriers français congédiés mais refuse de licencier les mineurs belges.
Quant aux socialistes comme Jules Guesde et Paul Lafargue, leur position est difficile pris entre leur position internationaliste et leur représentation d’une classe ouvrière se montrant en ce cas xénophobe. Ainsi Paul Lafargue écrit : « Comment Basly, sachant que les ouvriers belges employés par la Compagnie de Lens n’ont profité en définitive qu’à la compagnie comme instruments pour attenter au suffrage universel et abaisser les salaires, comment, au lieu de tourner sa colère contre la compagnie scélérate, peut-il s’en prendre aux ouvriers belges avec qui, publiquement, il refuse de trinquer ? ».
Ce racisme anti-belge disparaît peu à peu pour mieux s’en prendre à une nouvelle catégorie d’immigrés ; les italiens. Michelle Perrot déclare aux sujet des manifestations anti-italiens "on est frappé du pouvoir mobilisateur de ces manifestations ; elles se transforment aisément en mouvements populaires de plusieurs milliers de personnes".
Comme vous le voyez, l'histoire a la fâcheuse habitude de se répéter !
Toutes les populations d’immigrés – mais aussi les populations pauvres de manière générale – sont vues au cours des siècles comme sales, non intégrées, se vautrant dans la luxure et des coutumes exotiques. Ce qu’on entend à l’heure actuelle sur les quartiers « islamisés », « envahis » de femmes en burqa avec 10 enfants n’est que la répétition, comme vous le constatez, de propos tenus sur toutes les vagues d’immigration précédentes. L’italien lui aussi fait une cuisine infâme, trop d’enfants et se vêt d’oripeaux. Le polonais se ridiculise avec son catholicisme particulier et à se tenir debout pendant la messe alors que le bon français est assis. Le juif d’Europe de l’est est moqué de ses coreligionnaires français qui le voient empreint de fanatisme.
Quand est-il aujourd'hui ?
Durant la période de l’entre-deux-guerres l’immigration est admise dans la mesure où elle apporte de la main d’œuvre nécessaire au développement de l’économie et de l’industrie belge. Elle est étroitement liée à la conjoncture économique. En cas de récession économique, le recrutement s’arrête, les frontières sont fermées, les expulsions s’organisent.
On assiste également à une immigration d’ordre politique.
L ’histoire de l’immigration en Belgique est intimement liée aux objectifs posés par le gouvernement belge après la Première Guerre mondiale de relancer l’économie dans un contexte structurel difficile.La situation se redresse toutefois dès 1919 dans les secteurs des mines, du textile ainsi que dans la construction et l'industrie alimentaire tandis que la métallurgie redémarre plus.
La situation se révèle critique notamment dans le secteur minier où on assiste à une véritable désaffection, le métier étant jugé trop dangereux, insalubre et peu valorisé.
Alors que les syndicats proposent comme solution l'amélioration des conditions de travail des mineurs, de meilleurs salaires, une meilleure couverture sociale, des allocations familiales, des avantages comme le charbon gratuit, etc. afin de rendre le métier plus attractif, le patronat, préfère se tourner vers le recrutement de travailleurs à l'étranger .
De 1919 à 1922 on assiste à une production intense pour répondre au marché extérieur. C’est égale-ment l’époque des grandes conquêtes sociales (liberté d’association, suppression de l’article 310 du code pénal, loi sur les 8 heures, droit de vote, interdiction du travail des enfants, mise en route des commissions paritaires, reconnaissance des syndicats comme interlocuteurs sociaux,.. ). La main-d’œuvre fait défaut dans de nombreux secteurs.
L ’emploi d’étrangers pour le travail, notamment dans les mines, va s’accentuer. Le nombre d’étrangers en Belgique passe de 149.677 en 1920 à 339.799 en 1930.
En 1926, on compte 791 travailleurs marocains. Ce qui contribue à leur arrivée, c’est la mobilisation de dizaine de milliers de Marocains durant la guerre et dont certains décideront de rester en Europe.
En matière d’immigration, il est souvent question d’une attractivité massive de la Belgique pour les communautés étrangères et d’un afflux massif de ressortissants des nouveaux Etats membres de l’Union européenne.
La réalité montre une situation très différente. La population résidant en Belgique compte près de 10% de non Belges (2), soit 1.050.000 personnes sur 10.824.000 citoyens. Parmi ces non Belges, on dénombre deux tiers d’Européens et un tiers de non Européens (3). La communauté européenne la plus représentée en Belgique est l’Italie avec 165.100 individus, suivie de la France avec 140.200 individus et des Pays-Bas avec 133.500 personnes. Le pays non européen le plus représenté n’apparaît qu’en quatrième position ; le Maroc et ses 81.900 citoyens(4).
A titre de comparaison, parmi la population résidant au Luxembourg, l’on dénombre 43% de ressortissants non luxembourgeois. L’Allemagne comptabilise dans sa population, 9% de non Allemands et le Royaume-Uni 7%de non Britanniques.
1.Global Views on Immigration, IPSOS, août 2011, http://www.ipsos-na.com/download/pr.aspx?id=10883
2.9,7% selon Eurostat in « Les ressortissants étrangers constituaient 6,5% de la population de l’UE 27 en 2010 », http://epp.eurostat.ec.europa.eu/cache/ITY_PUBLIC/3-14072011-BP/FR/3-14072011-BP-FR.PDF
3.Sur 9,7% d’étrangers en Belgique, on dénombre respectivement 6,6% d’Européens et 3,1% de non Européens, selon Eurostat, ibidem 4.Les Italiens et les Français aiment la Belgique, Le Soir, 31 août 2011
Sources :Institut Emile Vandervelde – www.iev.be - iev@iev.be
Dans les années 60, le gouvernement belge a fait appel aux travailleurs immigrés pour travailler dans les charbonnages, mais aussi dans des secteurs comme la métallurgie, la chimie, la construction et les transports. Le pays avait besoin de main-d’œuvre et la situation démographique laissait craindre pour l’avenir (vieillissement de la population).
A cette époque, l’immigration n’est envisagée que de manière temporaire tant par les immigrés eux-mêmes que par les autorités belges. L’imaginaire du retour au pays est donc présent pendant très longtemps et les politiques d’accueil dans les domaines du logement, de l’enseignement et de la culture sont envisagées tardivement.
Des travailleurs italiens (1946), espagnols (1956), grecs (1957), marocains et turcs (1964), tunisiens (1969), algériens et yougoslaves (1970) ont été invités à venir travailler en Belgique et par la suite, leurs familles les ont rejoints (regroupement familial).
Ces immigrés ont accepté des emplois dangereux et éprouvants que certains Belges refusaient : charbonnage, sidérurgie, carrière … Des secteurs qui depuis ont été durement touchés par la crise économique.
Les pays nord-africains (Maroc, Algérie, Tunisie, Tripoli) sont des pays sous autorité française. Les candidats à l’émigration sont recrutés lors de leur débarquement à Marseille par un agent belge à la solde d’un charbonnage qui leur fait des offres sur les salaires et les conditions de travail. Une fois le contrat signé, il les expédie dans les bassins miniers. Le recruteur touche une prime par embauche. Ils seront 4000 à être recrutés de cette manière.
Pourtant il existe des interdictions officielles de l’exportation de la main d’œuvre marocaine. La législation française est, en effet, opposée à l’émigration. Mais il existe toutefois un courant migratoire clandestin. Malgré tout, des conflits éclatent dans les charbonnages à l’encontre des travailleurs étrangers.
La Belgique est-elle réellement une terre d’asile ? On peut en douter face aux nombreuses remarques négatives émises à l’encontre des nouveaux arrivants. On sait que les Borains n’aiment « ni les Polonais ni les Marocains » et des grèves vont même éclater pour obtenir leur renvoi.
Pourtant dès 1922 le manque de main d’œuvre se fait sentir. Si le phénomène est admis, en revanche la solution migration est rejetée par les travailleurs.
Le même jugement est porté par les syndicalistes et les clichés ne manquent pas. Bagarreurs, menteurs, sales, brutaux, alcooliques, immoraux,… On reconnaît toutefois qu’ils exécutent les travaux les plus lourds, les plus difficiles, ceux que les travailleurs belges ne veulent plus faire.
En 1926, la Commission syndicale organise un congrès sur la question des migrations. Cela donne quelques indications sur les conditions de vie de ces travailleurs et sur les difficultés de la cohabitation avec la population. Ainsi à Charleroi : "Il y a chez nous de nombreux Marocains et Algériens, des Italiens, des Polonais, quelques Russes et aussi quelques Congolais. Les Congolais sont au nombre d'une trentaine et on peut dire que de tous les étrangers ce sont ceux-là qui se comportent le
mieux et avec le plus de décence…Malheureusement, il n'en est pas de même de tous les autres étrangers. Les Marocains et les Algériens vivent ensemble et souvent dans une promiscuité repoussante…
Ils sont aussi exploités par des cabaretiers et des propriétaires, qui leur louent des trous insalubres et leur fournissent, à des conditions scandaleuses, ce dont ils ont besoin pour vivre.. Ils sont toujours sales, mal nettoyés, mal habillés. Ce sont des individus farouches, sournois, jaloux et traîtres, qui ont toujours le couteau caché quelque part et qui n'hésitent pas à s'en servir dans les bagarres qu'eux-mêmes, le plus souvent, provoquent. Les indigènes leur sont absolument hostiles."
Émergence d’une politique d’immigration
Avec la crise économique des années 1930, plusieurs ouvriers se retrouvent au chômage et certains sont renvoyés dans leur pays. Pour limiter l’arrivée de main-d’œuvre étrangère, un arrêté royal de 1936 instaure l’obligation du permis de travail (pour le travailleur étranger et son futur employeur). Le raisonnement « chômeurs = migrants étrangers » n’est donc pas nouveau !
Mais après la seconde guerre mondiale, la Belgique doit reconstruire son économie, et notamment son secteur minier. L’État gère alors le recrutement de travailleurs à l’étranger, en signant des accords avec différents pays et en organisant de véritables convois de travailleurs. Le premier accord est signé en 1946 avec l’Italie et le nombre d’Italiens en Belgique ne cessera d’augmenter, malgré des conditions de vie difficiles et des catastrophes minières.
Les Golden Sixties ou l’âge d’or de l’immigration dans les années 1960
A partir de la fin des années 1950, la croissance économique de la Belgique s’amplifie et suscite un fort besoin de main-d’œuvre. Les pays de recrutement se multiplient et les secteurs d’embauche se diversifient.
La première destination de ces migrants n’est plus la Wallonie mais Bruxelles. En 1970, la Belgique compte 7% d’étrangers mais la Région de Bruxelles-Capitale en dénombre 16%. De plus, le gouvernement décide de mettre en place une politique encourageant l’immigration familiale et le regroupement familial (l’arrivée du conjoint et/ou des enfants de l’immigré), pour stabiliser la main-d’œuvre et contrer la baisse de la fécondité. Le pays passe ainsi d’une « immigration de travail » à une « immigration de peuplement ». Mais la politique n’est pas toujours cohérente puisque, dès que la situation économique est mauvaise, l’immigration est stoppée ou restreinte.
La fin de l’immigration de travail
En 1974, après la première grande crise pétrolière, l’État belge met fin au recrutement de main-d’œuvre étrangère. Le permis de travail n’est accordé qu’aux étrangers ayant des qualifications non disponibles dans le pays. Pourtant, le nombre d’immigrés ne ralentit pas, surtout en provenance du Maroc et de la Turquie.
Un étranger qui travaille en Belgique contribue à l’économie du pays. Il paye ses impôts, ses cotisations sociales et consomme comme tout autre citoyen. Lorsqu’il perd son emploi, il a le droit de bénéficier du chômage.
En période de crise économique, étrangers et Belges vivent les mêmes difficultés (chômage, emplois précaires, flexibilité, concurrence…). Tous les travailleurs prennent peur, ils craignent de perdre leur emploi, leurs privilèges, leur niveau de vie. Certains montrent alors l’étranger du doigt, il est responsable de la crise et de nos malheurs (insécurité, violence, drogue, délinquance…).
Ce bouc émissaire idéal permet à chacun de fuir ses responsabilités. Pas besoin de réfléchir, d’imaginer une véritable solution aux problèmes socio-économiques, pas besoin de remettre en question notre mode de fonctionnement (la mondialisation, le néo-libéralisme, la libre concurrence, les relations Nord-Sud…).
L’immigration en Belgique est largement méconnue. Des amalgames hasardeux ou des contre-vérités sont trop souvent commis dans la presse ou lors de débats publiques.
Pour conclure, limitons-nous à contredire quelques idées reçues : l’afflux massif d’Européens de l’est depuis l’ouverture des frontières, la générosité excessive de
l’Etat en faveur des demandeurs d’asile et les trop nombreuses régularisations collectives de sans-papier.
L’entrée de nouveaux Etats membres dans l’Union européenne n’a pas entraîné d’afflux massif de migrants issus de ces pays en Belgique. Les communautés
étrangères les plus représentées concernent toujours les « vieux »pays européens que sont l’Italie, la France ou la Hollande.
Les ressortissants marocains ou polonais sont loin de concurrencer ces trois grandes communautés.
Pour compléter le sujet, voici quelques contre-vérité :
64 millions donnés aux enfants d’étrangers n'habitant pas en Belgique: un scandale?
Le service des allocations familiales pour travailleurs a accordé, l'an dernier 45.OOO.OOO €
au profit de 34.044 enfants d'étrangers dont les parents vivent en Belgique et dont des enfants sont restés dans le pays d'origine des parents(ce qui représente +/- 1322€ par enfant)
Plus de 90 % de ces enfants vivent dans l'U.E. (France et Hollande), mais le reste en dehors (Maroc surtout).
D'après les accords bilatéraux entre l'UE et quelques autres pays, les émigrés travaillanten Belgique, ont droit à des allocations pour leurs enfants qui n'habitent pas ici. Ces allocations se sont élevées, l'an dernier à 1,24 % de toutes les dépenses du pays.
Voilà où s'envole notre argent, nos impôts servent entre autres à allouer aux étrangers
1.322€ par enfant. Un vrai scandale!
Comment expliquer ça à un couple qui gagne moins de 2.500€ brut par mois ?
Une famille belge avec 3 enfants reçoit-elle des allocations familiales d'un montant de 1.322€ par enfant ?
Encore et toujours les étrangés privilégiés au détriment des vrais enfants de l'U.E. !
Et pendant ce temps, nos ministres se plaignent qu'il n'y a plus d'argent, entre autres pour payer les pensions.
C'est ainsi que nous sommes pillés en permanence.
La question est de savoir combien de temps ça va encore durer.
Voilà une mauvaise interprétation des chiffres de l’Office national d’allocations familiales pour travailleurs salariés. L’Office publie les chiffres concernant les "enfants élevés hors du Royaume" chaque année sur son site internet. Ces données sont donc transparentes et consultables par chaque citoyen.
Les derniers chiffres valent pour l’année 2010. Il y a un peu plus d’un an donc, ce ne sont pas 45 millions d’euros mais bien 64,2 millions d’euros qui ont été "donnés" comme allocations familiales aux 21.789 parents concernés par le système (pour 41.611 enfants). Un montant supérieur à celui qui scandalisait déjà les internautes.
Mais contestons point par point:
Pas 1,24 % de toutes les dépenses du pays
La somme totale ne représente pas un pourcentage de toutes les dépenses de l’Etat, mais bien un pourcentage des toutes les dépenses du régime des allocations familiales pour travailleurs salariés. En 2010, les dépenses représentaient 1,55 % de ces allocations familiales et les étrangers travaillant en Belgique concernés représentaient 1,96 % de tous les travailleurs touchant des allocations familiales.
Ceux qui restent au Maghreb sont largement minoritaires
Au contraire. 95% des parents concernés ont envoyé leur(s) enfant(s) dans une école de l’Union Européenne. De plus, les écoles et coûts étant plus élevés en Europe qu’ailleurs, ce sont 98% des dépenses totales qui partent pour des élèves/étudiants ailleurs en Europe.
Quand on regarde dans le détail les pays dans lesquels sont élevés ces enfants dont la famille travaille en Belgique, on constate que la France arrive de loin en première position (70,66%), devant les Pays-Bas (13,31%). Suivent la Pologne (5,1%) et le Maroc (3,73%). L’Espagne, l’Italie, le Portugal, l’Allemagne, la Turquie et le Royaume-Uni arrivent ensuite avec moins de 1,3%. De nombreux autres pays sont concernés mais comptent peu d'élèves.
Les autres pays paient plus pour les Belges que la Belgique pour les étrangers
"De même que les allocations familiales belges peuvent être exportées vers des familles à l’étranger, des régimes étrangers peuvent payer des allocations familiales à des familles qui résident en Belgique. Les règlements européens ont en effet pour principe que le pays de travail est compétent pour l’octroi des prestations sociales aux personnes qui résident sur le territoire de l’un des Etats membres de l’Espace économique européen", peut-on lire dans le rapport de l’Office.
Pour l’année 2009, la dépense totale des trois seuls pays les plus proches (Luxembourg, France et Pays-Bas) pour des enfants belges n’étudiant pas dans ces 3 pays s’élevait à plus de 104 millions d’euros. Dont plus de 90 millions rien que provenant du Luxembourg. En résumé, en 2009, 3 pays étrangers ont payé pour des Belges près de 2 fois plus que ce que la Belgique a payé pour tous les ressortissants étrangers dans le même cas...
- Un lien pour les mails en chaine que vous recevez ICI
Les Belges sont-ils réellement « envahis » par les hordes supposées d’étrangers qui viendraient ainsi progressivement menacer les grands équilibres démographiques ?
Certes, la population belge est aujourd’hui davantage plurielle qu’il y a 50 ans.
La liberté de circulation des personnes à l’intérieur de l’Union européenne, les progrès technologiques remarquables en matière de mobilité, les besoins en capital humain peu ou très qualifié pour soutenir le développement des indus-tries ou des services belges, et les grands flux migratoires liés à la recherche d’un monde plus sécurisé, plus stable, plus prometteur d’avenir pour soi et ses enfants, ont considérablement enrichi la palette des origines des populations
présentes sur le territoire belge. Il ne s’agit cependant pas d’une particularité de notre Royaume. L’ensemble des pays industrialisés connaissent un phénomène analogue, qui tendra même à terme à inverser le sens des mouvements de population puisqu’un nombre croissant d’Européens et d’Américains qui ne voudront pas demeurer étrangers au éveloppement spectaculaire des pays émergents prendront demain la route de l’Inde et de la Chine. Le taux étrangers présents en Belgique tourne autour des 8,5 % depuis 5 ans, ce qui ne représente que les 2/3 du même taux aux Etats-Unis, qui est de 12 %!
En définitive, la population migrante subsaharienne résidant en Belgique, bien que non négligeable, est relativement peu importante :
elle représente environ 10 % de la population migrante, et un peu plus de 1 % de la population totale de la Belgique. Les migrants subsahariens sont, à titre d’exemple, nettement moins nombreux que les migrants originaires d’Afrique du Nord de Belgique. Il en va de même à l’échelle de l’Europe: les Subsahariens de Belgique y représentent environ 4 % du total des migrants subsahariens.
À titre de comparaison, la France comptait en 2004 environ 570 000 migrants subsahariens (Lessault, Beauchemin, 2009), et le Royaume-Uni autour de 1 million en 2010 (Offi ce for National Statistics, 2010).
Cela étant dit, nous verrons que la population subsaharienne de Belgique connaît une croissance rapide.
Les problèmes du vieillissement et de la natalité montrent que l’établissement durable de populations d’origines étrangères est nécessaire pour maintenir la population belge au moins à un niveau constant. Mais ceci ne constitue pas une finalité en soi et ne peut être considéré comme l’unique facteur intervenant dans le processus des mouvements de population massifs. Comme le font observer de nombreux chercheurs, c’est l’évolution de la situation économique et du marché du travail qui aidera avant tout les dirigeants politiques à réguler le volume des flux migratoires. C’est d’ailleurs ce qui s’est également produit par le passé.
On a trop souvent tendance à l’oublier, mais c’est la Belgique qui a sollicité dans les années 1960 les populations maghrébines, qui sont venues s’installer dans notre pays à la suite d’une vaste initiative officielle qui débuta en 1962, avec l’ouverture de bureaux de recrutement à l’étranger, soutenue par une importante campagne de publicité et relayée par les missions diplomatiques belges.
Au milieu des années 1960, par exemple, circula une brochure intitulée « Vivre et travailler en Belgique », qui appelait les étrangers à quitter leur pays pour apporter leur force de travail. Leur venue a non seulement amélioré leurs propres conditions de vie mais elle a également contribué à la production des richesses dont a bénéficié la totalité des Belges. A ce titre, le partage des fruits de la croissance de ces années leur revient autant qu’aux autres. N’en déplaise aux incendiaires, la Belgique est loin d’être envahie, elle a eu et continuera d’avoir besoin des « autres » pour le mieux-être de tous.
Des documents très intéressant à lire :
http://www.territoires-memoire.be/v1/outils/chiffres_et_statistiques/PAC%20-%20tolerances2007.pdf
http://www.uclouvain.be/cps/ucl/doc/demo/documents/DT3SchoumakerSchoonvaere2sur1.pdf
Sources :
http://www.histoire-immigration.fr
http://immigration-france.e-monsite.com
http://questions-contemporaines.histoire-immigration.fr
http://books.google.be/books/about/L_immigration_oubliée.html
http://www.espace-citoyen.be
http://bougnoulosophe.blogspot.be/2012/05/racisme-de-leternel-retour.html
http://www.revues-plurielles.org/_uploads/pdf/47/248/9_11.pdf
http://www.crepegeorgette.com
http://www5.ac-lille.fr
http://www.carhop.be/art03.pdf
http://www.iev.be
http://www.lalibre.be/actu/belgique/article/646547/demandeurs-d-asile-le-cire-demonte-les-idees-recues.html
http://www.territoires-memoire.be/media/pdf/clespourdecoder.pdf
http://www.diversite.be
http://www.helmo.be
http://www.rtl.be
http://www.uclouvain.be/cps/ucl/doc/demo/documents/DT3SchoumakerSchoonvaere2sur1.pdf
La plupart du temps ces "vérités" sont véhiculées sans que l'on en vérifie l'exactitude !
L'immigration tant décriée par une frange de la population est en réalité le fondement même de la société belge.
L'immigration n'est pas un phénomène exceptionnel, en effet, aujourd'hui, en Belgique, un citoyen sur dix n'a pas la nationalité belge et 25% de la population a des origines étrangères proches.
D'où proviennent alors tous ces étrangers et pourquoi sont-ils venus ?
La Belgique, terre d'asile ?
Dès le 19e siècle, la Belgique a été considérée comme une terre d’asile pour de nombreux réfugiés politiques (Karl Marx qui rédige à Bruxelles, en 1874, le Manifeste du Parti Communiste, Victor Hugo,…) fuyant les persécutions et la misère. Il y a également des étudiants, des commerçants, des hommes d’affaires, des industriels,…
La Constitution belge accorde à l’étranger les mêmes garanties que celles dont jouissent les nationaux et stipule que « tout étranger qui se trouve sur le territoire de la Belgique jouit de la protection accordée aux personnes et aux biens sauf les exceptions établies par la loi » Il y a d’une part le droit d’hospitalité et d’autre part la mention d’une législation particulière pour les étrangers. La Belgique a conservé une partie de la législation élaborée durant la période française sur l’accès et le séjour des étrangers et aborde les mesures concernant leur renvoi. Tout étranger pénétrant sur le territoire est suspect et a besoin d'un passeport et d’un visa.
Il ne s’agit pas d’une immigration massive, il s’agit d’initiative individuelle et il n’y a pas de recrutement systématique de la main-d’œuvre.
Avant de parler des autres, parlons de nous ou plutôt de nos aïeux.........
Les émigrants belges
- Immigrants Belges à la Gare du Nord de Paris, en 1914 (Source: Archives Départementales du Nord)
" L'émigration a été oubliée dans nos histoires officielles " ( MORELLI Anne, Les émigrants belges , Bruxelles, EVO-HISTOIRE, page 3.)
Il est plus agréable pour un pays de se rappeler uniquement ses réussites.
Mieux vaut se souvenir des émigrants belges qui ont permis de construire une image positive de notre pays : ils ont été des " capitaines de l'industrie ", des cadres expatriés, des " élites ",
Cependant, si nous nous rappelons les causes de l'émigration des Belges du passé, nous risquons de nous rappeler que jusqu'il y a peu, nous avons nous-mêmes été des pauvres.
- Les piqueteurs belges qui viennent louer leur service en France, Le Petit Journal, 1908 © Collection Kharbine-Tapabor
Dès le milieu du XIXe siècle, des saisonniers originaires de pays voisins (Belgique, Allemagne, Suisse, Italie…) participaient aux travaux agricoles en France et dans quelques autres secteurs ayant des besoins temporaires de main-d'œuvre. Cette migration saisonnière a continué, mais les pays d'origine sont devenus aujourd'hui plus lointains.
La Révolution Industrielle française marque le début de l'histoire de son immigration contemporaine. L'accroissement mondial de la population, en corrélation positive avec une baisse de l'accroissement naturel français (dû au Code civil ayant imposé le partage égalitaire de l'héritage entre les enfants afin de disperser le patrimoine familial et à la contraception pourtant contre nature avec le pouvoir ecclésiastique) conduisent, dès le milieu du XIXème siècle, à la première vague d'immigration contemporaine provenant principalement de pays limitrophes.
Pourtant au 1er rang européen en termes de population au XVIIIème siècle, la France stagne, passant au 4ème rang européen un siècle plus tard. Des populations de Belgique, de Hollande, du Luxembourg, de Suisse, d’Italie, d’Angleterre émigrent vers cet espace voisin afin de pallier à la pénurie de main d’œuvre qui déséquilibre l'économie française.
Le recensement de 1851 est le premier à tenir compte de l'entrée des étrangers dans l'espace français, malgré l'incertitude antérieure sur leur nombre. Selon les services de la Statistique générale de la France (SGF), les étrangers représentent environ 1 % de la population totale soient 381 000 individus qui comptent principalement des Belges (128 000 individus) des Italiens (63 000 individus) et des Espagnols (30 000 individus). Ils atteignent le nombre d'un million en 1881 et sont estimées à 1 200 000 à la veille de la Première Guerre Mondiale.
Les Belges, répartis uniquement dans le Nord de la France, sont les premiers immigrés en nombre jusqu’en 1901. À partir de 1901, ils sont devancés par les Italiens qui avec eux, à la veille du premier conflit mondial représentent plus de 60 % des étrangers suivis par les Allemands, les Espagnols et les Suisses.
Des milliers d'hommes puis de familles venus chercher un emploi dans les fermes, les mines et les usines du Nord, du Pas-de-Calais et parfois plus loin. Pas toujours bien accueillis par la population et exploités un peu plus que les ouvriers français par un patronat avide de trouver une main-d'œuvre docile et efficace,
Dans la première moitié du 19ème siècle, un grand nombre de Belges émigrent vers la France pour y trouver du travail. Les Français manifestent très vite une claire hostilité par rapport aux immigrants belges ; ce ressentiment social se teinte parfois de nationalisme et, " on va chasser le belge, drapeau tricolore en tête, en chantant la marseillaise " ( MORELLI Anne, Les émigrants belges , Bruxelles, EVO-HISTOIRE, page 105).
Contrairement aux travailleurs français, les patrons veulent les garder puisqu'ils acceptent d'être sous-payés .
La seconde moitié du 19ème siècle fut plus calme pour les travailleurs belges même si on leur reprochait encore de travailler pour des salaires faibles et d'envoyer l'argent hors de la France, dans leurs familles.
Avec le milieu du siècle et le développement formidable de l’industrie dans le Nord et le Pas-de-Calais, les migrations belges connaissent une croissance exponentielle. Les mines de charbon du Nord et du Pas-de-Calais comme la métallurgie de la vallée de la Sambre voient arriver de Belgique mineurs du Borinage et paysans du Hainaut, une main-d’œuvre qui se caractérise par son instabilité géographique et ses faibles exigences.
À la fin du XIXe siècle, l’enracinement de la République et le développement du sentiment national alimentent le rejet des étrangers, Belges au Nord, Italiens au Sud. Les rixes ouvrières se transforment en violences xénophobes, attisées par la crise économique et le renforcement des nationalismes en Europe. Les stéréotypes se figent, relayés par les élites républicaines et une presse en plein essor. Dans le même temps, un racisme « savant » se développe. Il s’en prend aux juifs français ou étrangers et aux populations colonisées de l’Empire au nom de prétendus arguments biologiques.
L’arrivée des immigrants belges est en effet applaudie par le patronat :
- main-d’œuvre sérieuse, travailleuse, acceptant de difficiles conditions de travail et de maigres salaires, elle comble les souhaits des chefs d’entreprise, filateurs ou compagnies minières.
La Chambre de commerce de Tourcoing s’oppose ainsi en 1881 à toute mesure tenant à limiter le travail des étrangers :
- entreprises de maçonnerie, de menuiserie-charpenterie, de briqueterie et de terrassement emploient alors dans la ville 80 à 100 % de travailleurs belges et l’instauration de quotas d’emploi des étrangers nuirait considérablement à leur rentabilité économique.
L’immigration belge dans l’industrie textile et minière est essentiellement individuelle et spontanée. Vers 1890,toutefois, les compagnies minières en manque de bras commencent à recruter des travailleurs en Belgique même, par l’intermédiaire de « pisteurs », de même qu’au lendemain de la Première Guerre mondiale, on ira chercher des agriculteurs flamands pour reprendre les fermes du Nord-Pas-de-Calais dont les exploitants sont morts à la guerre ou ont quitté la région.
Dans le secteur agricole, précisément, les migrations temporaires liées à inactivité d’arrachage des betteraves ou à la récolte du houblon, du lin ou des céréales attirent des milliers de Belges qui viennent faire la « saison » estivale dans les champs du Nord-Pas-de-Calais. Malgré la mécanisation, les besoins en main-d’œuvre sont importants.
Ainsi, à la veille de la Première Guerre mondiale, la région Nord-Pas-de-Calais est l’une des régions françaises où la proportion d’étrangers est la plus importante. Les Belges y constituent la quasi-totalité des étrangers : 97 à 99 %.
Dès cette époque sont apparues les premières manifestations de rejet. Émile Zola les décrit déjà dans Germinal, récit amplement inspiré par la grande grève dans les mines d’Anzin en 1884 : alors que la compagnie engage des mineurs belges du Borinage pour briser la grève, ceux-ci sont accueillis par les ouvriers français aux cris de « À mort les étrangers, à mort les Borains !... Nous voulons être les maîtres chez nous ! ».
Relégués dans certains quartiers, accusés par les ouvriers français de prendre leur travail, ces immigrés sont fréquemment visés par des violences xénophobes dès la fin du XIXème siècle. Les Belges, majoritaires dans la population de Roubaix vers 1880, sont traités de « pots de beurre » et de « vermines ». De Liévin à Tourcoing, sévissent des émeutes anti-Belges dans les années 1890.
Maurice Barrès, « Étude pour la protection des ouvriers français : contre les étrangers » en 1893 « Pour accepter que des armées d’étrangers envahissent notre territoire, oppriment nos nationaux, possèdent la fortune et le pouvoir, enlèvent plus d’un milliard de salaires par an, nous suffit il que ces conquérants ne portent point d’uniformes ? »
Le géographe Firmin Lentacker qui a travaillé sur l’immigration belge dans le nord nous dit « D’avril à juin 1848, les manifestations hostiles aux ouvriers belges devinrent quotidiennes dans le Nord ; il s’agissait tantôt d’agressions contre des groupes regagnant la Belgique, tantôt d’expéditions en bandes pour se saisir des » flamands » répartis entre Tourcoing et Halluin et les reconduire à la frontière, et toujours de coalitions obtenant l’expulsion de travailleurs belges, comme le 18 mai sur le chantier de chemin de fer à Armentières ou le 20 mai à Lille.
Cette xénophobie se nourrit de multiples arguments. On reproche aux étrangers d’échapper au service militaire, d’apporter des maladies et, pour les plus aisés d’entre eux, d’accaparer les richesses du pays.
Liévin et Lens connaissent une crise xénophobe en août-septembre 1892 à l’encontre des mineurs belges. Quelle en fut l’origine, comment cela s’est-il traduit et quelles furent les réactions des politiques et syndicalistes ?
Comme dans les autres compagnies minières des mineurs belges sont employés depuis les années soixante car les mineurs français, d’origine rurale, paysanne, abandonnent souvent ce travail pénible, notamment au printemps, au bénéfice de tâches agricoles. Ils viennent en majorité du Borinage et les jeunes célibataires en constituent la part la plus importante.
En juin 1892, la presse régionale mentionne l’arrivée d’un nombre important de mineurs belges alors que simultanément des mineurs syndiqués sont renvoyés. Le 14 et 15 août, des bagarres violentes éclatent dans les mines de Lens entre mineurs belges et français ; cela se répète durant plusieurs semaines et conduit à des blessures plus ou moins graves, des dégâts aux biens et aux demeures, des pillages. Un détachement de 60 gendarmes est sur les lieux pour assurer l’ordre. Par exemple, le 22 août, à Lens, 30 jeunes gens avec tambours, clairons, drapeau tricolore, drapeau noir promènent dans les corons un mannequin de paille, identifié comme belge, et font des arrêts devant les maisons des mineurs belges marqués par l’envoi de pétards, la mise à feu du mannequin.Des femmes, dont les maris viennent d’être appelés pour la période militaire de 28 jours, s’en prennent aux Belges et les traitent de déserteurs. Environ 70 maisons de mineurs belges du coron n°3 de Liévin sont agressées à jets de pierres et des rixes éclatent.
La presse souligne l’ampleur des déménagements et des manifestations aux cris de « A bas les Belges ! A bas les déserteurs ! Les départs des Belges se multiplient au point que les wagons manquent ; parallèlement les demandes de naturalisation se multiplient. Selon les dossiers constitués en Belgique par les mineurs rentrés chez eux en vue d’une demande d’indemnisation aux autorités françaises, 905 cas ont été instruits dont 52 pour des mineurs avec femmes et enfants.
Le 21 août, à Liévin lors d’une réunion demandée par la délégation socialiste dans un souci d’apaisement, le syndicat dénonce l’embauche d’ouvriers belges. Basly, député radical, fondateur et président du Syndicat des Mineurs du Pas-de-Calais, commente ainsi les événements : « Les Belges sont seuls coupables. On a trop toléré l’ingénieur des Mines de Liévin, de naissance belge, naturalisé et ayant la certitude de ne plus être inquiété par le service militaire et qui réserve ses faveurs aux mineurs belges... ». Or le porte-parole de la Compagnie de Liévin fait remarquer que les ouvriers belges recrutés depuis longtemps ont toujours été inquiétés et pas seulement les Belges récemment arrivés et l’ingénieur en chef de la Compagnie de Lens déclare ne pas marquer de préférence pour les Belges. La direction est disposée à réintégrer les ouvriers français congédiés mais refuse de licencier les mineurs belges.
Quant aux socialistes comme Jules Guesde et Paul Lafargue, leur position est difficile pris entre leur position internationaliste et leur représentation d’une classe ouvrière se montrant en ce cas xénophobe. Ainsi Paul Lafargue écrit : « Comment Basly, sachant que les ouvriers belges employés par la Compagnie de Lens n’ont profité en définitive qu’à la compagnie comme instruments pour attenter au suffrage universel et abaisser les salaires, comment, au lieu de tourner sa colère contre la compagnie scélérate, peut-il s’en prendre aux ouvriers belges avec qui, publiquement, il refuse de trinquer ? ».
Ce racisme anti-belge disparaît peu à peu pour mieux s’en prendre à une nouvelle catégorie d’immigrés ; les italiens. Michelle Perrot déclare aux sujet des manifestations anti-italiens "on est frappé du pouvoir mobilisateur de ces manifestations ; elles se transforment aisément en mouvements populaires de plusieurs milliers de personnes".
Comme vous le voyez, l'histoire a la fâcheuse habitude de se répéter !
Toutes les populations d’immigrés – mais aussi les populations pauvres de manière générale – sont vues au cours des siècles comme sales, non intégrées, se vautrant dans la luxure et des coutumes exotiques. Ce qu’on entend à l’heure actuelle sur les quartiers « islamisés », « envahis » de femmes en burqa avec 10 enfants n’est que la répétition, comme vous le constatez, de propos tenus sur toutes les vagues d’immigration précédentes. L’italien lui aussi fait une cuisine infâme, trop d’enfants et se vêt d’oripeaux. Le polonais se ridiculise avec son catholicisme particulier et à se tenir debout pendant la messe alors que le bon français est assis. Le juif d’Europe de l’est est moqué de ses coreligionnaires français qui le voient empreint de fanatisme.
Quand est-il aujourd'hui ?
Durant la période de l’entre-deux-guerres l’immigration est admise dans la mesure où elle apporte de la main d’œuvre nécessaire au développement de l’économie et de l’industrie belge. Elle est étroitement liée à la conjoncture économique. En cas de récession économique, le recrutement s’arrête, les frontières sont fermées, les expulsions s’organisent.
On assiste également à une immigration d’ordre politique.
L ’histoire de l’immigration en Belgique est intimement liée aux objectifs posés par le gouvernement belge après la Première Guerre mondiale de relancer l’économie dans un contexte structurel difficile.La situation se redresse toutefois dès 1919 dans les secteurs des mines, du textile ainsi que dans la construction et l'industrie alimentaire tandis que la métallurgie redémarre plus.
La situation se révèle critique notamment dans le secteur minier où on assiste à une véritable désaffection, le métier étant jugé trop dangereux, insalubre et peu valorisé.
Alors que les syndicats proposent comme solution l'amélioration des conditions de travail des mineurs, de meilleurs salaires, une meilleure couverture sociale, des allocations familiales, des avantages comme le charbon gratuit, etc. afin de rendre le métier plus attractif, le patronat, préfère se tourner vers le recrutement de travailleurs à l'étranger .
De 1919 à 1922 on assiste à une production intense pour répondre au marché extérieur. C’est égale-ment l’époque des grandes conquêtes sociales (liberté d’association, suppression de l’article 310 du code pénal, loi sur les 8 heures, droit de vote, interdiction du travail des enfants, mise en route des commissions paritaires, reconnaissance des syndicats comme interlocuteurs sociaux,.. ). La main-d’œuvre fait défaut dans de nombreux secteurs.
L ’emploi d’étrangers pour le travail, notamment dans les mines, va s’accentuer. Le nombre d’étrangers en Belgique passe de 149.677 en 1920 à 339.799 en 1930.
En 1926, on compte 791 travailleurs marocains. Ce qui contribue à leur arrivée, c’est la mobilisation de dizaine de milliers de Marocains durant la guerre et dont certains décideront de rester en Europe.
En matière d’immigration, il est souvent question d’une attractivité massive de la Belgique pour les communautés étrangères et d’un afflux massif de ressortissants des nouveaux Etats membres de l’Union européenne.
La réalité montre une situation très différente. La population résidant en Belgique compte près de 10% de non Belges (2), soit 1.050.000 personnes sur 10.824.000 citoyens. Parmi ces non Belges, on dénombre deux tiers d’Européens et un tiers de non Européens (3). La communauté européenne la plus représentée en Belgique est l’Italie avec 165.100 individus, suivie de la France avec 140.200 individus et des Pays-Bas avec 133.500 personnes. Le pays non européen le plus représenté n’apparaît qu’en quatrième position ; le Maroc et ses 81.900 citoyens(4).
A titre de comparaison, parmi la population résidant au Luxembourg, l’on dénombre 43% de ressortissants non luxembourgeois. L’Allemagne comptabilise dans sa population, 9% de non Allemands et le Royaume-Uni 7%de non Britanniques.
1.Global Views on Immigration, IPSOS, août 2011, http://www.ipsos-na.com/download/pr.aspx?id=10883
2.9,7% selon Eurostat in « Les ressortissants étrangers constituaient 6,5% de la population de l’UE 27 en 2010 », http://epp.eurostat.ec.europa.eu/cache/ITY_PUBLIC/3-14072011-BP/FR/3-14072011-BP-FR.PDF
3.Sur 9,7% d’étrangers en Belgique, on dénombre respectivement 6,6% d’Européens et 3,1% de non Européens, selon Eurostat, ibidem 4.Les Italiens et les Français aiment la Belgique, Le Soir, 31 août 2011
Sources :Institut Emile Vandervelde – www.iev.be - iev@iev.be
Dans les années 60, le gouvernement belge a fait appel aux travailleurs immigrés pour travailler dans les charbonnages, mais aussi dans des secteurs comme la métallurgie, la chimie, la construction et les transports. Le pays avait besoin de main-d’œuvre et la situation démographique laissait craindre pour l’avenir (vieillissement de la population).
A cette époque, l’immigration n’est envisagée que de manière temporaire tant par les immigrés eux-mêmes que par les autorités belges. L’imaginaire du retour au pays est donc présent pendant très longtemps et les politiques d’accueil dans les domaines du logement, de l’enseignement et de la culture sont envisagées tardivement.
Des travailleurs italiens (1946), espagnols (1956), grecs (1957), marocains et turcs (1964), tunisiens (1969), algériens et yougoslaves (1970) ont été invités à venir travailler en Belgique et par la suite, leurs familles les ont rejoints (regroupement familial).
Ces immigrés ont accepté des emplois dangereux et éprouvants que certains Belges refusaient : charbonnage, sidérurgie, carrière … Des secteurs qui depuis ont été durement touchés par la crise économique.
Les pays nord-africains (Maroc, Algérie, Tunisie, Tripoli) sont des pays sous autorité française. Les candidats à l’émigration sont recrutés lors de leur débarquement à Marseille par un agent belge à la solde d’un charbonnage qui leur fait des offres sur les salaires et les conditions de travail. Une fois le contrat signé, il les expédie dans les bassins miniers. Le recruteur touche une prime par embauche. Ils seront 4000 à être recrutés de cette manière.
Pourtant il existe des interdictions officielles de l’exportation de la main d’œuvre marocaine. La législation française est, en effet, opposée à l’émigration. Mais il existe toutefois un courant migratoire clandestin. Malgré tout, des conflits éclatent dans les charbonnages à l’encontre des travailleurs étrangers.
La Belgique est-elle réellement une terre d’asile ? On peut en douter face aux nombreuses remarques négatives émises à l’encontre des nouveaux arrivants. On sait que les Borains n’aiment « ni les Polonais ni les Marocains » et des grèves vont même éclater pour obtenir leur renvoi.
Pourtant dès 1922 le manque de main d’œuvre se fait sentir. Si le phénomène est admis, en revanche la solution migration est rejetée par les travailleurs.
Le même jugement est porté par les syndicalistes et les clichés ne manquent pas. Bagarreurs, menteurs, sales, brutaux, alcooliques, immoraux,… On reconnaît toutefois qu’ils exécutent les travaux les plus lourds, les plus difficiles, ceux que les travailleurs belges ne veulent plus faire.
En 1926, la Commission syndicale organise un congrès sur la question des migrations. Cela donne quelques indications sur les conditions de vie de ces travailleurs et sur les difficultés de la cohabitation avec la population. Ainsi à Charleroi : "Il y a chez nous de nombreux Marocains et Algériens, des Italiens, des Polonais, quelques Russes et aussi quelques Congolais. Les Congolais sont au nombre d'une trentaine et on peut dire que de tous les étrangers ce sont ceux-là qui se comportent le
mieux et avec le plus de décence…Malheureusement, il n'en est pas de même de tous les autres étrangers. Les Marocains et les Algériens vivent ensemble et souvent dans une promiscuité repoussante…
Ils sont aussi exploités par des cabaretiers et des propriétaires, qui leur louent des trous insalubres et leur fournissent, à des conditions scandaleuses, ce dont ils ont besoin pour vivre.. Ils sont toujours sales, mal nettoyés, mal habillés. Ce sont des individus farouches, sournois, jaloux et traîtres, qui ont toujours le couteau caché quelque part et qui n'hésitent pas à s'en servir dans les bagarres qu'eux-mêmes, le plus souvent, provoquent. Les indigènes leur sont absolument hostiles."
Émergence d’une politique d’immigration
Avec la crise économique des années 1930, plusieurs ouvriers se retrouvent au chômage et certains sont renvoyés dans leur pays. Pour limiter l’arrivée de main-d’œuvre étrangère, un arrêté royal de 1936 instaure l’obligation du permis de travail (pour le travailleur étranger et son futur employeur). Le raisonnement « chômeurs = migrants étrangers » n’est donc pas nouveau !
Mais après la seconde guerre mondiale, la Belgique doit reconstruire son économie, et notamment son secteur minier. L’État gère alors le recrutement de travailleurs à l’étranger, en signant des accords avec différents pays et en organisant de véritables convois de travailleurs. Le premier accord est signé en 1946 avec l’Italie et le nombre d’Italiens en Belgique ne cessera d’augmenter, malgré des conditions de vie difficiles et des catastrophes minières.
Les Golden Sixties ou l’âge d’or de l’immigration dans les années 1960
A partir de la fin des années 1950, la croissance économique de la Belgique s’amplifie et suscite un fort besoin de main-d’œuvre. Les pays de recrutement se multiplient et les secteurs d’embauche se diversifient.
La première destination de ces migrants n’est plus la Wallonie mais Bruxelles. En 1970, la Belgique compte 7% d’étrangers mais la Région de Bruxelles-Capitale en dénombre 16%. De plus, le gouvernement décide de mettre en place une politique encourageant l’immigration familiale et le regroupement familial (l’arrivée du conjoint et/ou des enfants de l’immigré), pour stabiliser la main-d’œuvre et contrer la baisse de la fécondité. Le pays passe ainsi d’une « immigration de travail » à une « immigration de peuplement ». Mais la politique n’est pas toujours cohérente puisque, dès que la situation économique est mauvaise, l’immigration est stoppée ou restreinte.
La fin de l’immigration de travail
En 1974, après la première grande crise pétrolière, l’État belge met fin au recrutement de main-d’œuvre étrangère. Le permis de travail n’est accordé qu’aux étrangers ayant des qualifications non disponibles dans le pays. Pourtant, le nombre d’immigrés ne ralentit pas, surtout en provenance du Maroc et de la Turquie.
Un étranger qui travaille en Belgique contribue à l’économie du pays. Il paye ses impôts, ses cotisations sociales et consomme comme tout autre citoyen. Lorsqu’il perd son emploi, il a le droit de bénéficier du chômage.
En période de crise économique, étrangers et Belges vivent les mêmes difficultés (chômage, emplois précaires, flexibilité, concurrence…). Tous les travailleurs prennent peur, ils craignent de perdre leur emploi, leurs privilèges, leur niveau de vie. Certains montrent alors l’étranger du doigt, il est responsable de la crise et de nos malheurs (insécurité, violence, drogue, délinquance…).
Ce bouc émissaire idéal permet à chacun de fuir ses responsabilités. Pas besoin de réfléchir, d’imaginer une véritable solution aux problèmes socio-économiques, pas besoin de remettre en question notre mode de fonctionnement (la mondialisation, le néo-libéralisme, la libre concurrence, les relations Nord-Sud…).
L’immigration en Belgique est largement méconnue. Des amalgames hasardeux ou des contre-vérités sont trop souvent commis dans la presse ou lors de débats publiques.
Pour conclure, limitons-nous à contredire quelques idées reçues : l’afflux massif d’Européens de l’est depuis l’ouverture des frontières, la générosité excessive de
l’Etat en faveur des demandeurs d’asile et les trop nombreuses régularisations collectives de sans-papier.
L’entrée de nouveaux Etats membres dans l’Union européenne n’a pas entraîné d’afflux massif de migrants issus de ces pays en Belgique. Les communautés
étrangères les plus représentées concernent toujours les « vieux »pays européens que sont l’Italie, la France ou la Hollande.
Les ressortissants marocains ou polonais sont loin de concurrencer ces trois grandes communautés.
Pour compléter le sujet, voici quelques contre-vérité :
64 millions donnés aux enfants d’étrangers n'habitant pas en Belgique: un scandale?
Le service des allocations familiales pour travailleurs a accordé, l'an dernier 45.OOO.OOO €
au profit de 34.044 enfants d'étrangers dont les parents vivent en Belgique et dont des enfants sont restés dans le pays d'origine des parents(ce qui représente +/- 1322€ par enfant)
Plus de 90 % de ces enfants vivent dans l'U.E. (France et Hollande), mais le reste en dehors (Maroc surtout).
D'après les accords bilatéraux entre l'UE et quelques autres pays, les émigrés travaillanten Belgique, ont droit à des allocations pour leurs enfants qui n'habitent pas ici. Ces allocations se sont élevées, l'an dernier à 1,24 % de toutes les dépenses du pays.
Voilà où s'envole notre argent, nos impôts servent entre autres à allouer aux étrangers
1.322€ par enfant. Un vrai scandale!
Comment expliquer ça à un couple qui gagne moins de 2.500€ brut par mois ?
Une famille belge avec 3 enfants reçoit-elle des allocations familiales d'un montant de 1.322€ par enfant ?
Encore et toujours les étrangés privilégiés au détriment des vrais enfants de l'U.E. !
Et pendant ce temps, nos ministres se plaignent qu'il n'y a plus d'argent, entre autres pour payer les pensions.
C'est ainsi que nous sommes pillés en permanence.
La question est de savoir combien de temps ça va encore durer.
Voilà une mauvaise interprétation des chiffres de l’Office national d’allocations familiales pour travailleurs salariés. L’Office publie les chiffres concernant les "enfants élevés hors du Royaume" chaque année sur son site internet. Ces données sont donc transparentes et consultables par chaque citoyen.
Les derniers chiffres valent pour l’année 2010. Il y a un peu plus d’un an donc, ce ne sont pas 45 millions d’euros mais bien 64,2 millions d’euros qui ont été "donnés" comme allocations familiales aux 21.789 parents concernés par le système (pour 41.611 enfants). Un montant supérieur à celui qui scandalisait déjà les internautes.
Mais contestons point par point:
Pas 1,24 % de toutes les dépenses du pays
La somme totale ne représente pas un pourcentage de toutes les dépenses de l’Etat, mais bien un pourcentage des toutes les dépenses du régime des allocations familiales pour travailleurs salariés. En 2010, les dépenses représentaient 1,55 % de ces allocations familiales et les étrangers travaillant en Belgique concernés représentaient 1,96 % de tous les travailleurs touchant des allocations familiales.
Ceux qui restent au Maghreb sont largement minoritaires
Au contraire. 95% des parents concernés ont envoyé leur(s) enfant(s) dans une école de l’Union Européenne. De plus, les écoles et coûts étant plus élevés en Europe qu’ailleurs, ce sont 98% des dépenses totales qui partent pour des élèves/étudiants ailleurs en Europe.
Quand on regarde dans le détail les pays dans lesquels sont élevés ces enfants dont la famille travaille en Belgique, on constate que la France arrive de loin en première position (70,66%), devant les Pays-Bas (13,31%). Suivent la Pologne (5,1%) et le Maroc (3,73%). L’Espagne, l’Italie, le Portugal, l’Allemagne, la Turquie et le Royaume-Uni arrivent ensuite avec moins de 1,3%. De nombreux autres pays sont concernés mais comptent peu d'élèves.
Les autres pays paient plus pour les Belges que la Belgique pour les étrangers
"De même que les allocations familiales belges peuvent être exportées vers des familles à l’étranger, des régimes étrangers peuvent payer des allocations familiales à des familles qui résident en Belgique. Les règlements européens ont en effet pour principe que le pays de travail est compétent pour l’octroi des prestations sociales aux personnes qui résident sur le territoire de l’un des Etats membres de l’Espace économique européen", peut-on lire dans le rapport de l’Office.
Pour l’année 2009, la dépense totale des trois seuls pays les plus proches (Luxembourg, France et Pays-Bas) pour des enfants belges n’étudiant pas dans ces 3 pays s’élevait à plus de 104 millions d’euros. Dont plus de 90 millions rien que provenant du Luxembourg. En résumé, en 2009, 3 pays étrangers ont payé pour des Belges près de 2 fois plus que ce que la Belgique a payé pour tous les ressortissants étrangers dans le même cas...
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Les Belges sont-ils réellement « envahis » par les hordes supposées d’étrangers qui viendraient ainsi progressivement menacer les grands équilibres démographiques ?
Certes, la population belge est aujourd’hui davantage plurielle qu’il y a 50 ans.
La liberté de circulation des personnes à l’intérieur de l’Union européenne, les progrès technologiques remarquables en matière de mobilité, les besoins en capital humain peu ou très qualifié pour soutenir le développement des indus-tries ou des services belges, et les grands flux migratoires liés à la recherche d’un monde plus sécurisé, plus stable, plus prometteur d’avenir pour soi et ses enfants, ont considérablement enrichi la palette des origines des populations
présentes sur le territoire belge. Il ne s’agit cependant pas d’une particularité de notre Royaume. L’ensemble des pays industrialisés connaissent un phénomène analogue, qui tendra même à terme à inverser le sens des mouvements de population puisqu’un nombre croissant d’Européens et d’Américains qui ne voudront pas demeurer étrangers au éveloppement spectaculaire des pays émergents prendront demain la route de l’Inde et de la Chine. Le taux étrangers présents en Belgique tourne autour des 8,5 % depuis 5 ans, ce qui ne représente que les 2/3 du même taux aux Etats-Unis, qui est de 12 %!
En définitive, la population migrante subsaharienne résidant en Belgique, bien que non négligeable, est relativement peu importante :
elle représente environ 10 % de la population migrante, et un peu plus de 1 % de la population totale de la Belgique. Les migrants subsahariens sont, à titre d’exemple, nettement moins nombreux que les migrants originaires d’Afrique du Nord de Belgique. Il en va de même à l’échelle de l’Europe: les Subsahariens de Belgique y représentent environ 4 % du total des migrants subsahariens.
À titre de comparaison, la France comptait en 2004 environ 570 000 migrants subsahariens (Lessault, Beauchemin, 2009), et le Royaume-Uni autour de 1 million en 2010 (Offi ce for National Statistics, 2010).
Cela étant dit, nous verrons que la population subsaharienne de Belgique connaît une croissance rapide.
Les problèmes du vieillissement et de la natalité montrent que l’établissement durable de populations d’origines étrangères est nécessaire pour maintenir la population belge au moins à un niveau constant. Mais ceci ne constitue pas une finalité en soi et ne peut être considéré comme l’unique facteur intervenant dans le processus des mouvements de population massifs. Comme le font observer de nombreux chercheurs, c’est l’évolution de la situation économique et du marché du travail qui aidera avant tout les dirigeants politiques à réguler le volume des flux migratoires. C’est d’ailleurs ce qui s’est également produit par le passé.
On a trop souvent tendance à l’oublier, mais c’est la Belgique qui a sollicité dans les années 1960 les populations maghrébines, qui sont venues s’installer dans notre pays à la suite d’une vaste initiative officielle qui débuta en 1962, avec l’ouverture de bureaux de recrutement à l’étranger, soutenue par une importante campagne de publicité et relayée par les missions diplomatiques belges.
Au milieu des années 1960, par exemple, circula une brochure intitulée « Vivre et travailler en Belgique », qui appelait les étrangers à quitter leur pays pour apporter leur force de travail. Leur venue a non seulement amélioré leurs propres conditions de vie mais elle a également contribué à la production des richesses dont a bénéficié la totalité des Belges. A ce titre, le partage des fruits de la croissance de ces années leur revient autant qu’aux autres. N’en déplaise aux incendiaires, la Belgique est loin d’être envahie, elle a eu et continuera d’avoir besoin des « autres » pour le mieux-être de tous.
Des documents très intéressant à lire :
http://www.territoires-memoire.be/v1/outils/chiffres_et_statistiques/PAC%20-%20tolerances2007.pdf
http://www.uclouvain.be/cps/ucl/doc/demo/documents/DT3SchoumakerSchoonvaere2sur1.pdf
Sources :
http://www.histoire-immigration.fr
http://immigration-france.e-monsite.com
http://questions-contemporaines.histoire-immigration.fr
http://books.google.be/books/about/L_immigration_oubliée.html
http://www.espace-citoyen.be
http://bougnoulosophe.blogspot.be/2012/05/racisme-de-leternel-retour.html
http://www.revues-plurielles.org/_uploads/pdf/47/248/9_11.pdf
http://www.crepegeorgette.com
http://www5.ac-lille.fr
http://www.carhop.be/art03.pdf
http://www.iev.be
http://www.lalibre.be/actu/belgique/article/646547/demandeurs-d-asile-le-cire-demonte-les-idees-recues.html
http://www.territoires-memoire.be/media/pdf/clespourdecoder.pdf
http://www.diversite.be
http://www.helmo.be
http://www.rtl.be
http://www.uclouvain.be/cps/ucl/doc/demo/documents/DT3SchoumakerSchoonvaere2sur1.pdf
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