Miles Davis
Miles Dewey Davis III (26 mai 1926, Alton, Illinois - 28 septembre 1991, Santa Monica, Californie) est un compositeur et trompettiste de jazz américain.
Miles Davis commença à jouer de la trompette à l'âge de 10 ans, il fut à la pointe de beaucoup d'évolutions dans le jazz et s'est particulièrement distingué par sa capacité à découvrir et à s'entourer de nouveaux talents. Son jeu se caractérise par une grande sensibilité musicale et par une fragilité qu'il arrive à donner au son. Il a marqué l'histoire du jazz et de la musique du XXe siècle. Beaucoup de grands noms du jazz des années 1940 à 1980 ont travaillé avec lui.
Les différentes formations de Miles Davis étaient comme des laboratoires au sein desquels se sont révélés les talents de nouvelles générations et les nouveaux horizons de la musique moderne ; on peut notamment citer Sonny Rollins, Julian « Cannonball » Adderley, Bill Evans et John Coltrane durant les années 1950. De 1960 aux années 1980 ses sidemen se nomment Herbie Hancock, Wayne Shorter, Chick Corea, John McLaughlin, Keith Jarrett, Tony Williams, Joe Zawinul, Dave Liebman et Kenny Garrett ; c'est avec eux qu'il s'oriente vers la « fusion » du rock et du jazz, dont il reste l'un des pionniers. La découverte de la musique de Jimi Hendrix sera déterminante dans cette évolution mais surtout le choc du festival de Newport en 1969, où l'on assistait exclusivement à des concerts de jazz à l'origine, mais qui a programmé du rock cette année-là. Nombre de musiciens qui passeront par ses formations de 1963 à 1969 formeront ensuite les groupes emblématiques du jazz-rock fusion, notamment Weather Report, animé par Wayne Shorter et Joe Zawinul, Mahavishnu Orchestra de John McLaughlin, Return to Forever de Chick Corea, ainsi que les différents groupes de Herbie Hancock.
Miles Davis est un des rares jazzmen et l'un des premiers noirs à s'être fait connaître et accepter par l'Amérique moyenne, remportant même le trophée de l'homme le mieux habillé de l'année du mensuel GQ pendant les années 1960. Comme Louis Armstrong, Miles Davis est ce phénomène curieux, une superstar du jazz. À la différence de son glorieux aîné qui avait recherché l'intégration à la culture grand public dominée par la population blanche, le parcours musical de Miles Davis s'accompagna d'une prise de position politique en faveur de la cause noire et de sa lutte contre le racisme, menée avec la colère permanente d'un homme au caractère réputé ombrageux. En 1985, il participe à l'album Sun City contre l'Apartheid à l'initiative de Steven van Zandt.
En France, c'est l'enregistrement de la musique du film Ascenseur pour l'échafaud (1957) de Louis Malle qui l'a rendu célèbre. Son dernier album, Doo-bop, paru à titre posthume en 1992, laisse éclater des influences rap.
Ses années d'apprentissage en disent long sur le futur du jeune homme. Instable, Miles Davis est constamment à la recherche du "nouveau truc" : "The New Thing" comme on l'appellera plus tard. De l'explosion bebop à la naissance du cool, puis de nouveau au radicalisme hard bop, Miles Davis expérimentera tous les styles. Entre 1945 et 1949, le musicien se fait un nom et rencontre Thelonious Monk. Continuellement en mouvement, Miles est toujours là au bon moment. Il est présent quand le bebop révolutionne une première fois le jazz. Accompagné de "Bird" et de "Dizzy", il enregistre plusieurs classiques du genre. En 1949, quand ceux-ci le quittent pour Los Angeles, il sait tirer parti de sa rencontre avec Gil Evans et accouche de son premier chef d'œuvre : Birth Of The Cool. C'est aussi le moment où Miles commence à imposer sa vision du jazz. A l'opposé des petites formations ou des big bands, alors à la mode, il invente un concept d'orchestre intermédiaire où sont invités musiciens blancs et noirs, indifféremment. Grâce à Evans, Miles entrevoit des possibilités nouvelles.
Viendront les premières tournées outre-Atlantique, Paris et les premières heures de gloire internationales. Miles est un éternel insatisfait. La face autodestructrice de son comportement prend le pas sur son existence. Il connaît des ennuis avec l'alcool et son addiction à l'héroïne devient envahissante. Entre deux shoots, il rencontre son futur partenaire : Sonny Rollins, lui aussi accro… Après avoir effectué son premier enregistrement pour Blue Note, en 1952, il retourne chez son père. Animé de cette volonté inébranlable, il décroche, seul, de la drogue. C'est un Miles purifié, mais toujours aussi exigeant, qui signe les deux grands classiques de hard bop que seront "Walkin'" et "Blue O' Boogie", avec Sonny Rollins. Il remplace rapidement celui-ci par John Coltrane. La formule fonctionne à merveille. En 1957, il clôt le triptyque Miles Ahead, Porgy and Bess et Sketches Of Pain. En 1958, c'est Ascenseur pour l'échafaud produit par Marcel Romano, puis les premières expériences, avec Milestones, où le musicien s'aventure dans le jazz modal.
En 59, il enregistre Kind of Blue. Cette embellie n'arrange en rien son caractère et, en 1960, il insulte deux policiers, se fait battre comme plâtre et se retrouve au poste. Heureusement, les années 60 arrivent. Autour de Miles, le monde et le jazz changent. Malgré le départ de Coltrane, l'artiste est là "au bon endroit, au bon moment". En 1963, sa découverte du batteur Tony Williams et du pianiste Herbie Hancock est une révélation ! Miles va imposer ses règles au free jazz naissant dans l'élan du mouvement hippies et des revendications sociales de la communauté afro-américaine. En 1968, fort de son nouveau quintet (Wayne Shorter, Hancock, Ron Carter et Williams) auquel il ajoute un guitariste, Miles entame ses expérimentations électriques. C'est l'heure de Miles in The Sky, Filles de Kilimanjaro, puis le monument In A Silent Way avec le producteur Teo Macero, dans lequel joue, non plus Herbie Hancock mais Chick Corea. Le sextette a également implosé pour devenir un véritable groupe de sept musiciens.
En 1972, c'est dans un chaos de départ (Williams, Shorter) et d'arrivée (Bennie Maupin, John McLaughlin, Harvey Brooks) que Miles Davis entame les sessions qui deviendront légendaires dans l'histoire du jazz. Nom de code : Bitches Brew. L'époque est à l'"afro-psychédélisme", Miles écoute de plus en plus de funk, de rock. Cette soif de nouveauté ne fait pas l'unanimité. Beaucoup d'esthètes arrêtent d'acheter ses disques sous prétexte que Miles a perdu sa spécificité. Malgré les multiples changements de personnel au sein du groupe, les éclats et les exagérations, l'intérêt de Davis pour la musique ne faiblit pas. En 1972, il écoute Jimi Hendrix, James Brown ou Karlheinz Stockhausen. Ses influences donneront encore un objet rare : On The Corner, album qui doit autant au funk qu'à l'avant-garde musicale du XXième siècle. Paraissent ensuite "Agharta" et "Pangea" mais à l'heure où sa musique redouble de créativité, son corps, rongé par les excès divers, ne suit plus. Jusqu'à la fin pourtant, Miles Davis sera à l'écoute de l'innovation. Même après quelques "baisses de forme" tels "You're Under Arrest" ou "Amandla", il est écouté religieusement par tous ceux qui vénèrent l'inventivité et l'ouverture dans le domaine musical. Le 28 septembre 1991, il s'éteint et le monde entier perd l'un des plus grands musiciens que le jazz n’ait jamais connu.
Discographie
Album Studio :
* 1948 : Cool Boopin' ;
* 1949 : Birth of the cool, sorti en 1959 ;
* 1951 : Blue Period ;
* 1951 : Dig ;
* 1951-1953 : Miles Davis and Horns ;
* 1952-1954 : Miles Davis Volume One (Blue Note) ;
* 1953 : Miles Davis Volume 2 (Blue Note) ;
* 1953-1954 : Blue Haze ;
* 1953-1956 : Collectors Items ;
* 1954 : Walkin', sorti en 1957[;
* 1954 : Bags' Groove ;
* 1954-1956 : Miles Davis and the Modern Jazz Giants ;
* 1955 : The Musings of Miles ;
* 1955 : Blue Moods ;
* 1955 : Miles Davis Quintet / Sextet and Milt Jackson ;
* 1955 : The New Miles Davis Quintet (titre original : Miles) ;
* 1956 : Cookin' with the Miles Davis Quintet ;
* 1956 : Miles Davis Quintet At Peacock Alley ;
* 1957 : Relaxin' with the Miles Davis Quintet ;
* 1957 : Steamin' with the Miles Davis Quintet ;
* 1957 : Workin' with the Miles Davis Quintet ;
* 1957 : 'Round About Midnight ;
* 1957 : Miles Ahead ;
* 1958 : Milestones ;
* 1958 : Porgy and Bess ;
* 1959 : Kind of Blue ;
* 1960 : Sketches of Spain ;
* 1961 : Someday My Prince Will Come ;
* 1962-1963 : Quiet Nights ;
* 1963 : Seven Steps to Heaven ;
* 1965 : E.S.P. ;
* 1966 : Miles Smiles ;
* 1967 : Sorcerer ;
* 1967 : Nefertiti ;
* 1968 : Miles in the Sky ;
* 1968 : Filles de Kilimanjaro;
* 1969 : In a Silent Way ;
* 1970 : Bitches Brew ;
* 1970 : Live-Evil (à la fois live et studio);
* 1972 : On the Corner ;
* 1969-1972 : Big Fun, sorti en 1972, réédité en 2001;
* 1974 : Get Up With It ;
* 1981 : The Man with the Horn ;
* 1983 : Star People ;
* 1984 : Decoy ;
* 1985 : You're Under Arrest ;
* 1985 : Aura ;
* 1986 : Tutu ;
* 1989 : Amandla ;
* 1991 : Doo-bop .
Bandes originales de films :
* 1957 : Ascenseur pour l'échafaud (film de Louis Malle) ;
* 1970 : A Tribute to Jack Johnson ;
* 1987 : Siesta avec Marcus Miller (film de Mary Lambert) ;
* 1990 : Dingo ;
* 1990 : The Hot Spot (film de Dennis Hopper), musique de Jack Nitzsche avec John Lee Hooker, Tim Drummond et Taj Mahal .
Quelques vidéos :
Bootlegs :
* 1957 : Amsterdam Concert ;
* 1960 : Olympia, 20th March 1960 ;
* 1960 : Olympia, 11th October 1960 ;
* 1960 : Live in Den Haag ;
* 1960 : Manchester Concert ;
* 1960 : In Stockholm Complete ;
* 1961 : Miles Davis at Carnegie Hall ;
* 1961 : Miles Davis at The Blackhawk, San Francisco ;
* 1967 : Untitled Medley, Berlin, le 4 novembre 1967 ;
* 1971 : Live In Vienna ;
* 1982 : Spring, Live In Rome, April 26, 1982 ;
Anthologies :
* 1948-1950 : The Complete Birth of the Cool ;
* 1951 : Conception ;
* 1951-1956 : Chronicle, The Complete Prestige Recordings ;
* 1955-1956 : The Miles Davis Quintet, The Legendary Prestige Quintet Sessions, 4 cd, sorti en 2006, 10 titres inédits ;
* 1955-1961 : The complete Columbia recordings, (avec John Coltrane), 6 cd, sorti en 2000 ;
* 1955-1970 : Circle in the Round, 2 cd, sorti en 1979, inédits ;
* 1960-1970 : Directions, 2 cd, sorti en 1981, inédits ;
* 1963-1964 : Seven Steps : The Complete Columbia Recordings of Miles Davis 1963-1964, 7 CD, sorti en 2004 ;
* 1965-1968 : Miles Davis Quintet, 1965-68, 6 CD, sorti en 1998
* 1965 : The Complete Live at the Plugged Nickel 1965, 7 cd , sorti en 1995 ;
* 1967-1969 : Water Babies sorti en 1976, inédits ;
* 1968-1970 : The Complete Bitches Brew Sessions, 4 cd, sorti en 1998 ;
* 1969 : The Complete In A Silent Way, Sessions 1969, 3 cd, sorti en 2001 ;
* 1970 : The Cellar Door Sessions, 6 cd, sorti en 2005 ;
* 1971 : The Complete Jack Johnson Sessions, 5 cd, sorti en 2003 ;
* 1972 : The Complete On The Corner Sessions, 6 cd, sorti en 2007 ;
* 1973-1991 : The Complete Miles Davis at Montreux, 20 cd , sorti en 2002 ;
* 1988-1990 : Live Around the World, 1 cd .
Compilations :
* 1956 : My Funny Valentine (Prestige) ;
* 1958 : Jazz Track ;
* 1997 : Electric Miles (Sony 65449) ;
* 2006 : Cool & Collected .
Participations :
* 1946 : Earl Coleman et Ann Baker leaders, Bopping the Blues
* 1946-1948 : Charlie Parker, The Savoy Recordings ;
* 1951 : Lee Konitz Sextet, Conception ;
* 1951 : Sonny Rollins, Sonny Rollins with Modern Jazz Quartet. Un seul titre : I Know ;
* 1958 : Michel Legrand : Legrand Jazz
* 1958 : Julian "Cannonball" Adderley, Somethin' Else ;
* 1970 : Message to Love. The Isle of Wight festival. Un seul titre : Call It Anything ;
* 1985 : Sun City à l'initiative de Steven van Zandt;
* 1986 : Avec Toto, sur l'album Fahrenheit, Don't stop me now ;
* 1987 : Prince, A Happy New Year Paisley Park Studios (Bootleg) ;
* 1989 : Quincy Jones, Back on the Block ;
* 1989 : Kenny Garrett, Prisoner of Love ;
* 1991 : Shirley Horn, You Won't Forget Me.
Quelques vidéos :
Hommages :
* 1994 : Herbie Hancock, A Tribute to Miles avec Wayne Shorter, Ron Carter, Tony Williams;
* 1998 : Shirley Horn, I Remember Miles avec Ron Carter, Al Foster;
* 1999 : Cassandra Wilson, Traveling Miles;
* 2002 : Herbie Hancock, Directions in Music, Celebrating Miles Davis & John Coltrane, Live at Massey Hall.
* 2002 : Buckethead, Electric Tears, Sketches of Spain (for Miles).
Bibliographie :
* Ian Carr, Miles Davis, William Morrow & Co, 1982, traduction française : Éditions Parenthèse, 1991 (ISBN 2-86364-057-7) ;
* Eric Nisenson, Round about midnight: Un portrait de Miles Davis, Denoël, 1982 ;
* Jack Chambers, Milestones: The Music and Times of Miles Davis, Quill, 1989 ;
* Miles Davis avec Quincy Troupe, Miles : L'autobiographie, Presses de la Renaissance, 1989
- Réédition revue et corrigée - Infolio, 2007 (ISBN 978-2-88474-919-0) ;
* Laurent Cugny, Electrique Miles Davis 1968-1975, André Dimanche, 1993 ;
* Richard Williams, Miles Davis, L'Homme à la chemise verte, Éditions Plume, 1994 ;
* Franck Bergerot, Miles Davis, Introduction à l'écoute du jazz moderne, Éditions Seuil, 1996 ;
* Serge Loupien, Miles Davis, collection Librio n° 307, 1999 ;
* Ashley Kahn, Kind of Blue. Le Making of du Chef d'Oeuvre de Miles Davis, Éditions Le mot et le Reste, 2009 ;
* Noël Balen, Miles Davis, l'ange noir, Éditions mille et une nuits/Arte Éditions, 2001 ;
* Alain Gerber, Miles Davis et le Blues du blanc, Fayard, 2003 ;
* Jean-Pierre Jackson, Miles Davis, Actes Sud, 2007 ;
* Quincy Troupe, Miles Davis, Miles et moi, Le Castor Astral, 2009 .
Ecoutez sur :
http://www.deezer.com/fr/music/miles-davis
Sources :
http://www.vinylrevinyl.com/
http://www.milesdavis.com/
http://fr.wikipedia.org/