La Mégère à peu près apprivoisée
Dans une irrévérence assumée, Alexis Michalik et sa troupe de jeunes comédiens dynamitent cette comédie de Shakespeare quelque peu datée, qu’ils transforment en une comédie musicale déjantée, hilarante et jubilatoire. Interprétant avec une joie et une énergie communicatives des chansons, des numéros de danses et de claquettes, ils font renaître une certaine idée du théâtre musical, d’un spectacle qui se réjouit franchement de pouvoir divertir intelligemment et rire de bon cœur avec son public.
Histoire :
A Padoue, Baptista, un vieil aristocrate fortuné, désespère de marier un jour sa fille aînée, Katharina, dont le caractère bien trempé a déjà refroidi plus d’un prétendant. L’urgence se fait d’autant plus cruellement ressentir que Baptista attend cette noce pour accorder ensuite la main de Bianca, sa cadette, une jeune fille au caractère doux et aimable, à l’un des nombreux soupirants qui la lui demandent. Quand arrive en ville le seigneur Petruchio, un séduisant jeune homme qui, après avoir multiplié les conquêtes, souhaite maintenant se ranger auprès d’une riche et honorable épouse pour rendre hommage à son défunt père, chacun semble devoir y trouver son compte. Tandis que Petruchio emmène sa femme chez lui à Vérone pour tenter de l’amadouer, les prétendants de Bianca redoublent d’intensité dans leur lutte pour conquérir la belle… Quelques mois plus tard Petruchio revient triomphant à Padoue avec à son bras une Katharina désormais parfaitement soumise… Enfin, telle est la conclusion « morale » de la comédie originale de Shakespeare, car, dans la version déjantée et nettement plus actuelle que proposent Alexis Michalik et sa troupe, Petruchio ne parvient-il pas seulement qu’à apprivoiser «à peu près» sa mégère ?
Face à la misogynie devenue simplement grotesque du « conte moral » que propose la pièce - la fable ne se termine par rien d’autre qu’un concours entre hommes sur l’obéissance de leurs épouses respectives - Alexis Michalik n’a eu qu’à profiter du jeu de rôles présent dans le texte de Shakespeare pour faire de son spectacle une bouffonnerie hilarante et jubilatoire. Sans aucune dévotion face à l’illustre dramaturge anglais, et même dans une irrévérence potache assumée, il dynamite la pièce pour en faire un spectacle de cabaret, pastiche amusée des comédies musicales off-Broadway. Sa troupe de joyeux drilles se lance ainsi dans une suite de numéros de danses, de claquettes, de chansons et de tableaux qui moquent autant la suffisance d’un propos dépassé qu’ils jouissent du principe inépuisable de faire jouer à des acteurs des gens qui eux-mêmes jouent des rôles. Acclamé par la presse à Avignon et à Paris, La Mégère à peu près apprivoisée est une pièce simplement drôle qui se régale de pouvoir user sans fatuité des moyens que permet le théâtre pour rire avec un public.
Formé au Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique à Paris, Alexis Michalik est d’abord comédien. Il joue au théâtre notamment sous la direction de Jean-Charles Rieznikov, d’Irina Brooks ou de Thomas Le Douarec, mais aussi à la télévision pour Gabriel Aghion ou Marc Rivière, et au cinéma par exemple devant la caméra de Diane Kurys. Il met également en scène des pièces que souvent il adapte librement ainsi Une Folle journée de Beaumarchais, Hiver de Zinnie Harris, ou Roméo et Juliette de Shakespeare. Comme on le voit dans La Mégère à peu près apprivoisée il chante, danse et fait des claquettes.
Production : Los Figaros (Paris)
Diffusion : Atelier Théâtre Actuel (Paris)
Avec : Fanny Aubin, Louis Caratini, Olivier Dote Doevi, Grégory Juppin, Leilani Lemmet, Dan Menasche, Alexis Michalik, Régis Vallée
Scénographie : Sarah Bazennerye
Lumières : Thomas Rizzotti
Durée du spectacle : 1h30 sans entracte
Le jeudi 17 mars 2011 rencontre avec l’équipe artistique à l’issue de la représentation
Ouverture de la location aux non-abonnés dès le lundi 14 février 2011
Théâtre Municipal Raymond Devos, Tourcoing (F)
les jeudi 17 et vendredi 18 mars 2011
(jeudi à 19h30, vendredi à 20h30)
Sources :
http://www.lavirgule.com