Comment lutter contre les limaces ?
Limace est un nom vernaculaire ambigu désignant en français certains gastéropodes sans coquille externe appartenant à l'infra-ordre des Stylommatophora. Les limaces mesurent de 1 à 30 cm. Comme les autres gastéropodes, elles ont quatre tentacules dont deux qui ont des yeux. Les autres sont utilisés pour capter les odeurs et sont sensibles aux goûts. Elles peuvent être phytophages ou carnivores.
Les plus grandes limaces sont aussi appelées des loches. Il existe des animaux aquatiques d'aspect approchant, dits limaces de mer et lièvres de mer, avec lesquels il ne faut pas les confondre.
Les ancêtres des limaces habitaient les mers. Ils ont évolué et se sont transformés au cours du temps, pour donner aujourd'hui quelque 103 000 espèces différentes, marines ou terrestres. L'évolution la plus importante a été la transformation des branchies en poumons et une adaptation au milieu terrestre par la production d'un mucus très particulier. La limace reste cependant très dépendante de l'humidité. Elles ont une fonction écologique importante en intervenant dans le contrôle de la végétation et dans le recyclage de la nécromasse. Elles offrent une source de nourriture importante pour de nombreuses espèces dont les oiseaux. Elles sont source de problèmes pour les agriculteurs et les jardiniers, problèmes qui ont justifié la production de pesticides spécialisés (anti-limaces ou limacides), qui se sont hélas avérés polluants et toxiques pour beaucoup d'autres espèces. Les méthodes alternatives sans toxiques étant peu compatibles avec l'agriculture intensive, les limaces, comme les escargots et de nombreux invertébrés ont beaucoup reculé ou disparu d'une grande partie de leur habitat, victime des pesticides.
On en compte en Europe une quarantaine d'espèces différentes.
La limace est un animal à sang froid, essentiellement nocturne ou qui n'est actif que par temps très humide. Son activité varie beaucoup selon les périodes de l'année, la température et l'humidité.
Le cycle de vie des limaces, tout comme leur densité de population, la vitesse de leur reproduction et leur croissance sont conditionnés par les conditions climatiques, la lumière et la nourriture disponible. Les hivers doux favorisent le taux de survie des œufs, des jeunes limaces et leur développement. Les hivers secs et froids peuvent induire une diminution des populations vivant sur une parcelle.
Activité et mode de vie
L'activité de la limace varie beaucoup selon l'espèce et au sein de l'espèce selon les individus, et pour un même individu, d'un jour à un autre.
Les limaces sortent en général la nuit et ne s'activent que dans une fourchette de conditions thermo-hygrométriques (minima/maxima).
Les limaces horticoles s'immobilisent en dessous de 5°C. L'optimum de températures des limaces grises se situe aux alentours de 18°C. Elles sont inactives à 0°C. Les limaces meurent à -3°C, mais elles se sont en général enfouies en profondeur avant l'arrivée du gel.
Sans eau ou humidité, la limace ne peut pas produire de mucus et par conséquent ne peut pas se déplacer. Elle se réfugie dans le sol pour attendre le retour des pluies.
Alimentation
Les limaces ont une nourriture variée, le plus souvent composée de tissus végétaux mais elles peuvent aussi consommer des champignons et des déchets animaux.
La grosse limace et la petite limace grise consomment plutôt les plantes à la surface du sol et semblent attirées par des plantes déjà endommagées. En période de sècheresse, les petites limaces vivent plutôt dans le sol et grignotent alors les parties souterraines des plantes ou les champignons poussant sur des végétaux en décomposition.
Une limace peut ne pas manger durant plusieurs jours et ingérer jusqu'à l'équivalent de la moitié de son poids en une seule nuit. La limace grise absorbe entre 30 et 50 mg par jour, mais la grosse limace peut ingurgiter entre 5 et 10 g par jour. Certaines limaces se nourrissent en une seule fois, d'autres s'alimentent à plusieurs reprises au cours d'une même nuit. Elles se déplacent peu. Elles peuvent parcourir en conditions optimales entre 4 et 7 m quotidiennement pour la limace grise, 2 et 3 m pour la limace noire. Lorsqu'elles se situent dans une parcelle où la végétation est abondante, les limaces ne se dispersent pas de plus de 50 cm par jour.
Elles repèrent leur nourriture grâce à leurs organes olfactifs et à des papilles gustatives.
Facteurs de développement des limaces
Facteurs / Indications favorables
Humidité
Hygrométrie de l'air
Humidité du sol : dans les 5 premiers centimètres de la surface
Température
La quantité de nourriture ingérée dépend de la température : maximum entre 15 et 20°C
Type de sol
Généralement : sols aérés, motteux et caillouteux
Surtout : sols argileux et argilo-calcaires,
Parfois : sols limoneux,
Rarement : sols sableux
Présence de matière organique, débris végétaux, résidus de récolte
Proximité de talus, de bois, de prairies et de jachère
Préparation du sol
Réduction de la façon culturale
Semis trop superficiels
Les précédents
Colza, céréales à paille, prairies et jachère
Débris après moisson
Implantation de culture intermédiaire
Autres facteurs
Irrigation
Semis direct
Présence de paille
La limace est un facteur important au développement de fruits (fruit rouges : fraises, framboises…). La limace, en préparant l'activité de la terre, est un élément qui rend les fraises parfumées. Sans l'activité des limaces, les fraises n'auraient ni sucre, ni fibres, ni vitamines.
Ennemis naturels des limaces
Les limaces possèdent de nombreux prédateurs :
-de nombreux insectes dont les carabes (en particulier : Anchomenus dorsalis (oeufs), Carabus auratus et C. monilis, Pterostichus vulgaris, Poecilus cupreus, Pseodoophonus rufipes et Abax ater), décimés par les pesticides et l'arrachage des haies, l'escargot de Bourgogne (qui mange les œufs), le ver luisant et ses larves, les chilopodes, Ischyropsalididae (c'est un faucheux, mangé surtout des escargots), Ocypus olens.
- la plupart des oiseaux,
- des mammifères tels que les taupes, les hérissons, les musaraignes, les rats et les blaireaux,
- les crapauds, les grenouilles, les orvets et les lézards, mais ils n'éliminent jamais la totalité des limaces.
Et on en arrive à ce que l'on peut faire !
LUTTE PREVENTIVE
- Régulons le nombre des limaces en retirant les adultes du potager avant qu’ils ne se reproduisent. Les limaces pondant leurs oeufs au printemps, il faut donc ramasser les adultes à temps.
- Plantons en bordure du potager des espèces de plantes moins sensibles comme l’ail ou l’oignon. Les variétés délicates (salades vertes, choux-fleurs) seront plantées au milieu.
- Tirons parti des plantes dont les limaces ont horreur et utilisons-les comme barrières (moutarde, persil, trèfle, cerfeuil, pomme de terre, capucine, tagettes, bégonias, cassis). Cette méthode n’est efficace que si les rangées de plants ont une largeur suffisante.
- Aspergeons les plantes avec des extraits de plantes dont elles ont horreur. Cela marche très bien avec les bégonias et le cassis. Recette : couper les feuilles et les fleurs et les faire macérer une ou deux heures dans 10 litres d’eau.
- Arrosons les jeunes plants et les semis en cours avec du purin de limaces. Les limaces vivantes sont repoussées par celles qui sont en voie de décomposition.
- Ne laissons pas traîner des plantes fanées ou pourries qui attirent les limaces.
- Faisons des arrosages peu fréquents mais abondants, au pied des plantes.
- Placer des barrières à limaces en grillage galvanisé ou en matière synthétique. Celles-ci ne sont utiles que si les surfaces qu’elles délimitent ont été préalablement débarrassées des limaces. Il faut aussi veiller à ce que les plantes ou mauvaises herbes ne dépassent pas la hauteur de la barrière.
LUTTE DIRECTE
Les pièges à limaces
Les limaces et escargots qui sortent la nuit se mettent en quête, le jour venu, d’endroits sombres et humides où se reposer. Si de telles niches existent, on verra s’y blottir toute la communauté des petits rampants. Pour en créer et y cueillir les gastéropodes pendant la journée, il suffit de répartir des planches, des sacs et des pots à fleurs renversés. On peut aussi les attirer avec les déchets de salades, de choux, les épluchures de pommes de terre et les peaux de tomates. Pour les tuer, récoltons-les dans un pot et versons-y du gros sel.
Une autre technique consiste à placer dans le sol des pots à yoghourt remplis à moitié de bière, où les limaces attirées finiront par se noyer. On a observé que seulement 10% d’entre elles se noient. Il faut aussi régulièrement examiner ces pièges pour en retirer les carabes et autres insectes utiles qui risquent aussi de se noyer. La bière doit être renouvelée tous les jours ou tous les deux jours. Pour éviter que la pluie ne vienne la diluer, on construira avec une autre boîte un petit toit. Le désavantage de cette technique est que l’odeur de la bière attire davantage de limaces qu’il n’en meure dans les pots. C’est pourquoi nous ne l’utiliserons que pour attirer les limaces hors de notre jardin potager.
L’assèchement des voies d’accès
Au début de l’été, la gloutonnerie des limaces est à son comble. C’est l’époque où il faut leur barrer l’accès aux plates-bandes, alors totalement cultivées.
Or, les limaces et les escargots se déplacent grâce à une pellicule de mucus à forte teneur en eau ; ils sont de ce fait en mesure de surmonter quantité d’obstacles. Ils n’éprouvent de réelles difficultés que si le support sur lequel ils se meuvent "déshydrate" leur pellicule de mucus. Il nous suffit dès lors de parsemer notre jardin de poudre d’algues calcaires, de sciure de bois, de cendres de bois, d’aiguilles de pin, de fougères. Toutefois, l’efficacité de cette méthode diminue par forte humidité ou par temps de pluie, c’est-à-dire précisément lorsque les limaces et les escargots pullulent.
Les méthodes "physiques" (non chimiques)
Sachant que les limaces se déplacent grâce à leur production de mucus, il est possible de les empêcher d’accéder à vos plantations avec des barrières naturelles comme la sciure de bois, la cendre (à remplacer à chaque averse), le sable, le marc de café ou encore avec des coquilles d’œuf pilées.
Exemple les coquilles d'oeufs
La présence de prédateurs naturels peut aussi se révéler efficace. Formez une alliance avec les hérissons et les reptiles inoffensifs tels que l’orvet et le lézard en leur aménageant des abris de pierraille ou de tas de bois mort. Ils passeront l’hiver au chaud et s’occuperont des limaces dès les premiers rayons de soleil printaniers.
Autre barrière biologique : le thym, la sauge, l’hysope... qui, mis autour des plantations sensibles, formeront une ceinture compacte et protégeront des limaces, des fourmis, pucerons, etc. L’installation de ces plantes peut se faire au printemps.
Une décoction de feuilles de rhubarbe peut être aussi efficace.
Malgré l’efficacité de toutes ces mesures, les limaces peuvent tout de même passer outre. Pour protéger les plantes les plus sensibles et les jeunes plants, vous pouvez les entourer d’une bouteille plastique coupée et dont les bords sont repliés vers l’extérieur.
Plantes attractives
On peut se débarrasser des limaces en plaçant une plante qu'elles apprécient particulièrement (consoude, œillet d'Inde) qui fera qu'elles délaisseront les plantes que vous souhaitez protéger.
Plantes répulsives
On entoure les plantes à protéger (salades, choux-fleurs,...) de plantes barrière (ail, civette, géranium, digitale, fenouil, oignons, moutarde, trèfle, cerfeuil, capucine, bégonias, cassis...) nettement moins appréciés des limaces.
Chasse par les poules
Les poules consomment certaines limaces, elles sont aussi très friandes de leurs oeufs. Il est difficile de laisser les poules pâturer à plein temps dans un jardin, à cause des dégâts qu'elles peuvent causer, mais il est possible de les lâcher, en particulier au potager aux heures où les limaces sortent. Cela peut être fait tôt le matin, les poules seront rappelées au bout de quelques dizaines de minutes par des grains, ou mieux le soir environ une heure avant leur heure de coucher (à la tombée de la nuit). Après avoir nettoyé limaces et autres chenilles, pucerons, elles rentreront toutes seules dans leur poulailler pour dormir. La chasse est plus efficace si on leur donne un coup de main (leur montrer à chercher sous les feuilles, retourner pour elles les planches et autres tuiles pièges où des limaces se logent...).
Purin ou paillage
Un simple paillage de fougère aigle permet également de les éliminer de façon naturelle.
Le purin de limace :
-Prendre environ 20 limaces et les ébouillanter avec un litre d'eau.
- Compléter avec un ou 2 litres, et laisser macérer 15 à 20 jours.
- Filtrer et diluer 10 fois pour arroser les plantes à protéger.
- On peut également utiliser du purin d'ortie ou de rhubarbe, qui protègent également contre d'autres nuisibles .
Purin d'orties :
Fabrication et ingrédients
Pour la fabrication du purin d'ortie il faut faire macérer dans 10 litres d'eau (eau de pluie préfèrable) 1,5 kg de feuilles d'orties hachées (choisir des pousses jeunes et non montées à graines).
Au bout d'une quinzaine de jours, filtrer la macération.
Selon l'utilisation souhaitée :
-diluer avec de l'eau de pluie 2 litres de purin pour 10 litres d'eau (en pulvérisation sur le sol contre les maladies cryptogamiques -champignons, algues, lichens- comme le mildiou). Avec ce dosage, vous pouvez également utiliser la préparation en activateur de croissance grâce à la richesse en sels minéraux;
-diluer 1 litre de purin pour 10 litres d'eau (en insecticide -principalement les pucerons- pulvérisation fine sur les feuilles);
-sans dilution, le purin d'ortie fourni un bon activateur de compost.
L'odeur, pas vraiment agréable, durant la macération est tout à fait normale. Vous pouvez conserver votre purin dans un récipient hermétique, à l'abri de la lumière et à 18-20°, durant quelques semaines.
Attention, comme tous les produits de traitement, fût-il naturel, un surdosage de purin d'ortie peut s'avérer nocif.
Voici un lien pour une petite brochure en pdf : http://www.ecoconso.be/IMG/pdf/fc36_limaces.pdf
Rappelons aussi qu'une lutte chimique contre les limaces et les escargots est évidemment le moyen le plus simple de lutter contre ces indésirables. C'est aussi le moins écologique et le plus coûteux...
La lutte chimique contre les limaces et escargots
POISONS POUR LIMACES ET ESCARGOTS
A n’utiliser qu’en dernier recours !
On trouve dans le commerce des poisons pour limaces et escargots (molluscicides), disponibles sous forme de poudre, de son, de granulés, de pâte ou de liquide à vaporiser. La majorité des anti-limaces (hélicides) sont à base de métaldéhyde ou de carbamate (à éviter absolument !).
Ces produits, selon leur teneur en matière active, appartiennent à des classes de toxicité plus ou moins dangereuses. Les produits sous forme de granulés ou de pâtes à base de métaldéhyde peuvent être classés dans la catégorie des produits dits non toxiques s’ils ne renferment pas plus de 5% de cette substance.
Nombreux sont les consommateurs qui supposent qu’il s’agit là de produits moins nocifs. Or, il n’en est rien. Il s’agit donc de respecter les dosages préconisés par le fabricant !
Pour ne pas polluer le sol et éviter d’intoxiquer les chiens, les chats ou les prédateurs des limaces : disposons les produits à base de méthaldéhyde dans des récipients à l’abri de la pluie et non pas directement sur le sol.
Le métaldéhyde (C8H16O4) agit par ingestion ou par contact sur le pied des limaces. Il provoque la destruction des cellules productrices de mucus et la déshydratation irréversible de la limace. Celle-ci "fond" sur place et, après quelques heures, son cadavre est réduit à la taille d’une tête d’allumette. Dans cet état, la limace n’attire plus de prédateurs.
Mais, s’il pleut et que les granulés à base de métaldéhyde sont posés à même le sol, à la merci de la pluie, la limace met plus longtemps à se dessécher et peut encore attirer l’un ou l’autre prédateur (hérisson, oiseau,..) qui s’empoisonnera en dégustant une "limace au métaldéhyde".
Nouveau produit alternatif : le phosphate de fer
Non toxique pour les autres espèces et pour le milieu, le phosphate de fer inhibe l'appétit des limaces, qui retournent vers leurs abris pour mourir. Le produit reste actif plus longtemps s'il est abrité (sous une tuile ou sous un petit tunnel réalisé avec une bouteille plastique). À disposer aux extrémités de vos planches de salades (une cuillère à soupe pour chaque abri). Le produit se dégrade en phosphates et en fer. Il est homologué en France (vendu sous le nom Ferramol, en jardineries).
exemple :
http://www.magasinsaveve.be/fr/jardin/astuces-de-jardiniers/produits/escar-go-fr
http://www.ecostyle.be/distributeurs
Sources :
http://www.jardin-a-manger.com
http://www.univers-nature.com
http://fr.wikipedia.org
http://www.economie-positive.be
http://fane-des-bois.over-blog.com
http://www.ecoconso.be
http://www.terrevivante.org