Une campagne de pub jugée sexiste en Flandre
Le sexe fait vendre. Depuis 1628 et l'invention de la publicité par Théophraste Renaudot, on le sait. Mais là, Suit Supply, griffe hollandaise de costumes masculins, a frappé fort.
Vous ne verrez aucune affiche de cette campagne en Belgique, seulement aux Pays-Bas. Mais dans les boutiques de la marque à Anvers et à Maasmechelen, vous risquez de tomber sur : a) un homme regardant sous la robe d'une femme (très) alanguie. b) lui qui la retourne sur le plan de travail d'une cuisine joliment chromée. c) lui qui écarte le manteau de fourrure qu'elle porte à même la peau.
Le public n'allait pas rester sans rien dire. Ces derniers jours, le Jury d'éthique publicitaire s'est donc fait assiéger de plaintes de particuliers et de diverses associations, la plus virulente venant du KAV, l'Union des femmes catholiques flamandes. En attendant, on trouve toujours, sur le site de la marque, les fameux clichés sexistes même si l'ensemble de la campagne – baptisée « Shameless » – a été bannie de Facebook où elle était largement diffusée.
« C'est un peu le problème, explique Piet Jaspaert, président du JEP. Toute cette publicité gratuite, c'est un rêve pour l'annonceur. C'est normal de parler d'un tel sujet mais forcément, dès qu'on publie les photos dans les médias, on fait la pub de la marque. Cette tripartite annonceur/agence/médias a vraiment une responsabilité commune. »
Assumons le fait de montrer les photos pour mieux décrypter cette boîte hollandaise qui crée des manteaux pure laine, des vestons, des chemises, des pantalons, des cravates en soie et des chaussures en cuir à prix Zara ou Célio – un vestiaire des plus classiques qui s'encanaille via des pubs au parfum de scandale.
La provocation, ça marche auprès des jeunes consommateurs. Voyez Diesel avec sa dernière campagne « Be Stupid » qui, cette année, exhortait ses fidèles à faire les imbéciles (genre montrer ses seins à la caméra de surveillance ou se lancer des défis de potache). Voyez les shootings pornochic du sulfureux photographe Terry Richardson pour la marque Sisley (groupe Benetton). Suit Supply : même tendance.
Avant cette série, la compagnie illustrait ses produits avec des photos à peine moins incendiaires où un homme bandait un arc, flèche pointée sur le cœur d'une femme, où un autre fumait au-dessus des mots « Start smoking », où deux charmants garçons en complet-veston lichottaient une glace en tournant résolument le dos à une petite fille.
Cette fois, derrière l'objectif de la campagne « Shameless », on trouve Carli Hermès, photographe et réalisateur hollandais de 47 ans, auteur de pubs pour Martini, Swatch, Levis, Mexx, Nike, Philips, Sony, BMW, Mercedes Benz et… la Compagnie des chemins de fer néerlandais. L'homme a aussi shooté des personnalités comme le footballeur Edgar Davids, la chanteuse Natalie Imbruglia et l'acteur Rutger Hauer.
Chez Suit Supply, on défend corps et âme le travail du photographe : « C'est ridicule de qualifier ces images de pornographiques même si elles laissent en effet libre cours à l'imagination, affirme la marque dans un communiqué. Elles ont une forte et intentionnelle charge sexuelle. On dirait les scènes d'un film dont le début, la fin et le contexte sont laissés à l'interprétation de chacun. Ce qui dépend totalement des projections de votre propre position dans le jeu de l'amour. Et si oui ou non la domination masculine et les inégalités y trouvent une place. » Et voilà. Maintenant, on va dire que c'est nous qui avons l'esprit mal tourné.
JULIE HUON
http://www.lesoir.be jeudi 09 décembre 2010, 11:53
A ce demander si les promoteurs de cette campagne ont absorbés de substances illicites !
On peut faire une démarche artistique sans avoir à se laisser à ce genre de facilité.
Le but est de choquer et là c'est réussi, quant au message...... Pfiiiiiu !
Complètement à la masse, je n'ose même pas imaginer ce qu'il nous pondrait pour une marque de préservatif !
Le monde est fou !
Bonne journée !
Le sexe fait vendre. Depuis 1628 et l'invention de la publicité par Théophraste Renaudot, on le sait. Mais là, Suit Supply, griffe hollandaise de costumes masculins, a frappé fort.
Vous ne verrez aucune affiche de cette campagne en Belgique, seulement aux Pays-Bas. Mais dans les boutiques de la marque à Anvers et à Maasmechelen, vous risquez de tomber sur : a) un homme regardant sous la robe d'une femme (très) alanguie. b) lui qui la retourne sur le plan de travail d'une cuisine joliment chromée. c) lui qui écarte le manteau de fourrure qu'elle porte à même la peau.
Le public n'allait pas rester sans rien dire. Ces derniers jours, le Jury d'éthique publicitaire s'est donc fait assiéger de plaintes de particuliers et de diverses associations, la plus virulente venant du KAV, l'Union des femmes catholiques flamandes. En attendant, on trouve toujours, sur le site de la marque, les fameux clichés sexistes même si l'ensemble de la campagne – baptisée « Shameless » – a été bannie de Facebook où elle était largement diffusée.
« C'est un peu le problème, explique Piet Jaspaert, président du JEP. Toute cette publicité gratuite, c'est un rêve pour l'annonceur. C'est normal de parler d'un tel sujet mais forcément, dès qu'on publie les photos dans les médias, on fait la pub de la marque. Cette tripartite annonceur/agence/médias a vraiment une responsabilité commune. »
Assumons le fait de montrer les photos pour mieux décrypter cette boîte hollandaise qui crée des manteaux pure laine, des vestons, des chemises, des pantalons, des cravates en soie et des chaussures en cuir à prix Zara ou Célio – un vestiaire des plus classiques qui s'encanaille via des pubs au parfum de scandale.
La provocation, ça marche auprès des jeunes consommateurs. Voyez Diesel avec sa dernière campagne « Be Stupid » qui, cette année, exhortait ses fidèles à faire les imbéciles (genre montrer ses seins à la caméra de surveillance ou se lancer des défis de potache). Voyez les shootings pornochic du sulfureux photographe Terry Richardson pour la marque Sisley (groupe Benetton). Suit Supply : même tendance.
Avant cette série, la compagnie illustrait ses produits avec des photos à peine moins incendiaires où un homme bandait un arc, flèche pointée sur le cœur d'une femme, où un autre fumait au-dessus des mots « Start smoking », où deux charmants garçons en complet-veston lichottaient une glace en tournant résolument le dos à une petite fille.
Cette fois, derrière l'objectif de la campagne « Shameless », on trouve Carli Hermès, photographe et réalisateur hollandais de 47 ans, auteur de pubs pour Martini, Swatch, Levis, Mexx, Nike, Philips, Sony, BMW, Mercedes Benz et… la Compagnie des chemins de fer néerlandais. L'homme a aussi shooté des personnalités comme le footballeur Edgar Davids, la chanteuse Natalie Imbruglia et l'acteur Rutger Hauer.
Chez Suit Supply, on défend corps et âme le travail du photographe : « C'est ridicule de qualifier ces images de pornographiques même si elles laissent en effet libre cours à l'imagination, affirme la marque dans un communiqué. Elles ont une forte et intentionnelle charge sexuelle. On dirait les scènes d'un film dont le début, la fin et le contexte sont laissés à l'interprétation de chacun. Ce qui dépend totalement des projections de votre propre position dans le jeu de l'amour. Et si oui ou non la domination masculine et les inégalités y trouvent une place. » Et voilà. Maintenant, on va dire que c'est nous qui avons l'esprit mal tourné.
JULIE HUON
http://www.lesoir.be jeudi 09 décembre 2010, 11:53
A ce demander si les promoteurs de cette campagne ont absorbés de substances illicites !
On peut faire une démarche artistique sans avoir à se laisser à ce genre de facilité.
Le but est de choquer et là c'est réussi, quant au message...... Pfiiiiiu !
Complètement à la masse, je n'ose même pas imaginer ce qu'il nous pondrait pour une marque de préservatif !
Le monde est fou !
Bonne journée !