Arnaque: pour 49 €, je peux rouler à l'eau
Cinquante ans qu'on nous promet la voiture roulant à l'eau. Mais cette fois, ça y est, puisque c'est sur internet ! Démontage d'une belle arnaque.
Jean-Christophe HERMINAIRE
Transformer votre voiture pour qu'elle fonctionne à l'eau : le rêve, accessible à tous si on en croit le mail qui inonde en ce moment internet. Avec « Module H20 », on vous promet « des économies de carburant allant de 25 à 35 % », grâce à une formule « unique et abordable », « qu'un gamin de 12 ans pourrait presque appliquer » . Que diable ? Mais pourquoi ne l'a-t-on pas su plus tôt ?
À cause du complot des lobbies pétroliers, bien sûr, qui depuis une centaine d'années font tout pour cacher au petit peuple des consommateurs cette formidable invention... dont le secret vous est soldé pour la modique somme de 49 €, à la place de 197 €. Une paille. Alors que les économies promises se chiffrent en milliers d'euros.
Le complot des pétroliers
Cette offensive publicitaire - qui attaque l'Europe après avoir écumé les États-Unis et le Canada - joue habilement sur la crainte conspirationniste (on nous cache tout) et sur la fibre écolo, avec d'affolants compteurs des dépenses mondiales en carburant et des émissions de CO2 depuis 1750.
Le « moteur à eau » est un fantasme presque aussi vieux que l'automobile. En théorie, il y a bien sûr un fond de réalité physique là-dessous, puisque l'eau est composée d'oxygène et d'hydrogène, qui est un gaz carburant. Il suffirait de l'extraire, pour alimenter en énergie le moteur. L'application la plus célèbre du procédé qui nous occupe est le fameux « moteur Pantone », du nom d'un sulfureux inventeur américain que d'aucuns qualifient volontiers d'escroc. Son fonctionnement est resté assez nébuleux mais les tentatives de l'appliquer ne manquent pas. Les vidéos de géniaux bricolages abondent sur internet, où les forums s'emballent. Un coup d'oeil sur Youtube s'impose. Mais faut-il préciser que, jusqu'ici, « l'invention du siècle » n'a pas révolutionné le secteur automobile.
Une cuillère à soupe
Soyons clair, il ne s'agit pas, dans le cas précis du H20, de faire fonctionner votre auto uniquement à l'eau, mais d'y ajouter un système qui génère un gaz (baptisé HOO et « trois fois plus puissant que l'essence ») qui, par aspiration, vient améliorer la carburation du moteur. Garanti sans risque. Attention quand même à votre garantie. Mais si vous êtes bricoleur et optimiste, inutile de tomber dans cette arnaque, où on se contente de vous proposer en téléchargement (uniquement) quelques notices de montage d'un dispositif expliqué gratuitement sur le net.
Suffiraient, en gros : quelques tuyaux, un bulleur, un fusible, un fil de métal et un bête bocal en verre dans lequel, avec quelques décilitres d'eau et une cuillère à soupe de bicarbonate de soude, on réalise l'électrolyse de l'eau. Et c'est parti. « Un quart de litre d'eau peut faire fonctionner la voiture pendant des mois », promet H20. Avec un minimum d'énergie au départ : presque aussi fort que le mouvement perpétuel !
Mieux : le système est applicable aussi bien aux camions qu'aux voitures, aux moteurs essence qu'aux diesels. C'est à se demander pourquoi les constructeurs automobiles - qui pourraient très bien appliquer ce système - dépensent chaque année des millions de dollars pour essayer de réduire de quelques malheureux dixièmes de litres la consommation de leur voiture ou tenter de la faire rouler à l'hydrogène ? Mais finalement, puisqu'on nous cache tout...
Cette offensive publicitaire attaque l'Europe après avoir écumé les États-Unis et le Canada. Mais le « moteur à eau » reste un fantasme presque aussi vieux que l'automobile.
sources :
Cette offensive publicitaire attaque l'Europe après avoir écumé les États-Unis et le Canada. Mais le « moteur à eau » reste un fantasme presque aussi vieux que l'automobile.
Sources :
Actu.be
Le moteur à eau est un terme qui renvoie à différents types de moteurs, qu'ils soient fantaisistes ou fonctionnels.
Le terme générique moteur à eau recouvre :
* au sens propre : une vue de l'esprit, l'eau (H2O) n'étant pas un carburant.
* des systèmes dans lesquels l'eau est décomposée par une autre source d'énergie, que ce soit interne au moteur, ou externe. Il s'agit alors fondamentalement d'une chaîne production d'hydrogène + moteur à hydrogène, et non du moteur lui-même.
* le moteur à hydrogène lui même, par abus de langage : l'hydrogène peut être produit à partir de l'électrolyse de l'eau.
* des moteurs dans lesquels l'eau est un "auxiliaire récupérateur d'énergie", ex : moteur Pantone
* des systèmes dans lesquels l'eau est un élément mécanique, comme une turbine, à l'instar de l'air comprimé, ou encore les dispositifs captant l'énergie des vagues, de la marée, des courants marins.
* des systèmes utilisant l'énergie fournie par l'évaporation de l'eau en atmosphère sèche.
Il ne s'agit pas de moteur à hydrogène ni de pile à combustible à hydrogène. L'utilisation de l'eau comme agent propulsif, avec de l'air comprimé comme source d'énergie est plutôt à considérer dans l'article Fusée à eau.
Il ne faut donc pas faire d'amalgame entre ces divers types de moteur, qui sont de réalité et de viabilité très différentes. Il s'agit d'un sujet extrêmement polémique comme relaté dans les paragraphes suivants.
Principe du moteur à eau pure, par voie physique
Lorsque l'air est sec, l'eau s'y évapore spontanément, en refroidissant un peu son environnement immédiat.
Ce refroidissement peut être calculé par des tables psychrométriques, et peut atteindre quelques degrés Celsius. C'est suffisant pour faire tourner un petit moteur à air chaud, mais sans offrir beaucoup de puissance, ou de fiabilité (l'air reste rarement sec : l'hiver, la nuit l'évaporation est négligeable). Afin d'accélérer l'évaporation, il est possible d'augmenter la ventilation de la zone humide et/ou d'en diminuer la pression. Les jouets de type oiseau buveur fonctionnent sur ce principe. Un autre type de moteur s'appuie sur ce principe : la tour énergétique.
Pile à combustible
Toutefois, la création d'énergie à partir de la recombinaison de dioxygène et de dihydrogène est déjà utilisée, mais de manière contrôlée et non pas de manière explosive : dans les piles à combustible. Cette recombinaison contrôlée génère de l'électricité qui peut être utilisée par exemple pour faire fonctionner un moteur électrique. Il s'agit d'une sorte de batterie, en fait.
On a là aussi un véhicule produisant exclusivement de l'eau.
L'argument de la perte de rendement et du report de la pollution s'applique ici aussi : n'aurait-il pas mieux valu utiliser directement l'électricité nécessaire pour faire tourner le moteur ? Certes, mais c'est le problème général du stockage de l'électricité : les moyens pour embarquer l'électricité dans une voiture ne sont pas suffisamment développés. La pollution de la voiture, au final, est à mettre en relation avec la pollution de la centrale électrique.
sources :
http://fr.wikipedia.org/
Cinquante ans qu'on nous promet la voiture roulant à l'eau. Mais cette fois, ça y est, puisque c'est sur internet ! Démontage d'une belle arnaque.
Jean-Christophe HERMINAIRE
Transformer votre voiture pour qu'elle fonctionne à l'eau : le rêve, accessible à tous si on en croit le mail qui inonde en ce moment internet. Avec « Module H20 », on vous promet « des économies de carburant allant de 25 à 35 % », grâce à une formule « unique et abordable », « qu'un gamin de 12 ans pourrait presque appliquer » . Que diable ? Mais pourquoi ne l'a-t-on pas su plus tôt ?
À cause du complot des lobbies pétroliers, bien sûr, qui depuis une centaine d'années font tout pour cacher au petit peuple des consommateurs cette formidable invention... dont le secret vous est soldé pour la modique somme de 49 €, à la place de 197 €. Une paille. Alors que les économies promises se chiffrent en milliers d'euros.
Le complot des pétroliers
Cette offensive publicitaire - qui attaque l'Europe après avoir écumé les États-Unis et le Canada - joue habilement sur la crainte conspirationniste (on nous cache tout) et sur la fibre écolo, avec d'affolants compteurs des dépenses mondiales en carburant et des émissions de CO2 depuis 1750.
Le « moteur à eau » est un fantasme presque aussi vieux que l'automobile. En théorie, il y a bien sûr un fond de réalité physique là-dessous, puisque l'eau est composée d'oxygène et d'hydrogène, qui est un gaz carburant. Il suffirait de l'extraire, pour alimenter en énergie le moteur. L'application la plus célèbre du procédé qui nous occupe est le fameux « moteur Pantone », du nom d'un sulfureux inventeur américain que d'aucuns qualifient volontiers d'escroc. Son fonctionnement est resté assez nébuleux mais les tentatives de l'appliquer ne manquent pas. Les vidéos de géniaux bricolages abondent sur internet, où les forums s'emballent. Un coup d'oeil sur Youtube s'impose. Mais faut-il préciser que, jusqu'ici, « l'invention du siècle » n'a pas révolutionné le secteur automobile.
Une cuillère à soupe
Soyons clair, il ne s'agit pas, dans le cas précis du H20, de faire fonctionner votre auto uniquement à l'eau, mais d'y ajouter un système qui génère un gaz (baptisé HOO et « trois fois plus puissant que l'essence ») qui, par aspiration, vient améliorer la carburation du moteur. Garanti sans risque. Attention quand même à votre garantie. Mais si vous êtes bricoleur et optimiste, inutile de tomber dans cette arnaque, où on se contente de vous proposer en téléchargement (uniquement) quelques notices de montage d'un dispositif expliqué gratuitement sur le net.
Suffiraient, en gros : quelques tuyaux, un bulleur, un fusible, un fil de métal et un bête bocal en verre dans lequel, avec quelques décilitres d'eau et une cuillère à soupe de bicarbonate de soude, on réalise l'électrolyse de l'eau. Et c'est parti. « Un quart de litre d'eau peut faire fonctionner la voiture pendant des mois », promet H20. Avec un minimum d'énergie au départ : presque aussi fort que le mouvement perpétuel !
Mieux : le système est applicable aussi bien aux camions qu'aux voitures, aux moteurs essence qu'aux diesels. C'est à se demander pourquoi les constructeurs automobiles - qui pourraient très bien appliquer ce système - dépensent chaque année des millions de dollars pour essayer de réduire de quelques malheureux dixièmes de litres la consommation de leur voiture ou tenter de la faire rouler à l'hydrogène ? Mais finalement, puisqu'on nous cache tout...
Cette offensive publicitaire attaque l'Europe après avoir écumé les États-Unis et le Canada. Mais le « moteur à eau » reste un fantasme presque aussi vieux que l'automobile.
sources :
Cette offensive publicitaire attaque l'Europe après avoir écumé les États-Unis et le Canada. Mais le « moteur à eau » reste un fantasme presque aussi vieux que l'automobile.
Sources :
Actu.be
Le moteur à eau est un terme qui renvoie à différents types de moteurs, qu'ils soient fantaisistes ou fonctionnels.
Le terme générique moteur à eau recouvre :
* au sens propre : une vue de l'esprit, l'eau (H2O) n'étant pas un carburant.
* des systèmes dans lesquels l'eau est décomposée par une autre source d'énergie, que ce soit interne au moteur, ou externe. Il s'agit alors fondamentalement d'une chaîne production d'hydrogène + moteur à hydrogène, et non du moteur lui-même.
* le moteur à hydrogène lui même, par abus de langage : l'hydrogène peut être produit à partir de l'électrolyse de l'eau.
* des moteurs dans lesquels l'eau est un "auxiliaire récupérateur d'énergie", ex : moteur Pantone
* des systèmes dans lesquels l'eau est un élément mécanique, comme une turbine, à l'instar de l'air comprimé, ou encore les dispositifs captant l'énergie des vagues, de la marée, des courants marins.
* des systèmes utilisant l'énergie fournie par l'évaporation de l'eau en atmosphère sèche.
Il ne s'agit pas de moteur à hydrogène ni de pile à combustible à hydrogène. L'utilisation de l'eau comme agent propulsif, avec de l'air comprimé comme source d'énergie est plutôt à considérer dans l'article Fusée à eau.
Il ne faut donc pas faire d'amalgame entre ces divers types de moteur, qui sont de réalité et de viabilité très différentes. Il s'agit d'un sujet extrêmement polémique comme relaté dans les paragraphes suivants.
Principe du moteur à eau pure, par voie physique
Lorsque l'air est sec, l'eau s'y évapore spontanément, en refroidissant un peu son environnement immédiat.
Ce refroidissement peut être calculé par des tables psychrométriques, et peut atteindre quelques degrés Celsius. C'est suffisant pour faire tourner un petit moteur à air chaud, mais sans offrir beaucoup de puissance, ou de fiabilité (l'air reste rarement sec : l'hiver, la nuit l'évaporation est négligeable). Afin d'accélérer l'évaporation, il est possible d'augmenter la ventilation de la zone humide et/ou d'en diminuer la pression. Les jouets de type oiseau buveur fonctionnent sur ce principe. Un autre type de moteur s'appuie sur ce principe : la tour énergétique.
Pile à combustible
Toutefois, la création d'énergie à partir de la recombinaison de dioxygène et de dihydrogène est déjà utilisée, mais de manière contrôlée et non pas de manière explosive : dans les piles à combustible. Cette recombinaison contrôlée génère de l'électricité qui peut être utilisée par exemple pour faire fonctionner un moteur électrique. Il s'agit d'une sorte de batterie, en fait.
On a là aussi un véhicule produisant exclusivement de l'eau.
L'argument de la perte de rendement et du report de la pollution s'applique ici aussi : n'aurait-il pas mieux valu utiliser directement l'électricité nécessaire pour faire tourner le moteur ? Certes, mais c'est le problème général du stockage de l'électricité : les moyens pour embarquer l'électricité dans une voiture ne sont pas suffisamment développés. La pollution de la voiture, au final, est à mettre en relation avec la pollution de la centrale électrique.
sources :
http://fr.wikipedia.org/